Le musicien Kamel Ferjani, lors du FIH 59, présente "dialogue des cordes 2" pour nouer davantage les diversités culturelles
- Mohamed Ali Elhaou
- 23 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 août
Dans le cadre de la 59e édition du Festival International de Hammamet, les amateurs de la musique avaient rendez-vous, hier 22 juillet, avec un spectacle inédit du chef d'orchestre et compositeur Kamel Ferjani, qui fut également le directeur du Festival International de Carthage entre 2021 et 2024. Ce concert qui rassemble une quarantaine de musiciens, les meilleurs du pays, s'intitule "Dialogue des cordes 2". C'est un projet artistique se poursuivant depuis maintenant une décennie et demie voire plus, qui s'est concrétisé par "Dialogue des cordes 1" présenté pour la première fois en 2008.

Le spectacle d'hier est principalement un hommage au compagnon de route de l'artiste Kamel Ferjani, à savoir le peintre et le musicien Ouanés Khligène. En réalité, le nom de cet artiste polyvalent est véritablement inconnu pour le grand public.
Ouanés Khligène est un artiste qui fut méfiant à l'égard de la presse et évite donc d'apparaître dans les médias de masse. Il se contentait, de ce fait, de travailler ses tableaux, ses compositions et ses arrangements en toute discrétion.
Cet artiste est plus particulièrement spécialisé dans les arrangements. Il est décédé le 22 juillet 2024 à l'âge de 65 ans. Le choix de la date du concert n'est, de fait, pas arbitraire à l'image de toute la mise en scène bien ficelée par l'équipe du Festival de Hammamet, où il y avait une explication de tous les morceaux présentés et une mise en harmonie à la fois visuelle et musicale de l'ensemble de la performance présentée.
À travers ce projet qui comporte une vingtaine de morceaux et qui s'étale sur deux heures, le dessein est de nouer un dialogue des arts et aussi de rappeler que la musique est un phénomène qui dépasse les frontières et les barrières symboliques et culturelles. C'est donc une performance qui repose sur le paradigme des dialogues des cultures et met en avant la diversité musicale notamment dans le bassin méditerranéen. En ce sens, ce spectacle est une revisitation des airs italiens comme par exemple O Sole Mio d'Eduardo di Capua qui a été marié avec la poésie de Adam Fathi et interprété avec brio par Haythem Guediri.
Le spectacle fait, en outre, escale sur des œuvres du Maroc, d’Égypte et de Tunisie, etc. Il met en avant le patrimoine culturel local mais il apporte aussi du neuf. Le concert se singularise véritablement par la très impressionnante interprétation du grand chanteur Slim Dammak qui est capable de faire oublier à son public l'univers de la scène en étant apte à transcender l'espace de la production musicale et en faisant un décollage émotionnel et artistique avec son auditoire.
Ainsi, et c'est le moment fort de cette performance orchestrale, Slim Dammak a excellé dans l'interprétation de Ana Hawit de Sayid Darouich et aussi par le morceau de Kamil El Awsaf de Abdel Halim Hafez.
L'ensemble du spectacle a été enchanteur, bien huilé et très organisé. Aussi, c'était l'occasion de faire une belle découverte de visages très prometteurs du champ musical dans notre pays à savoir Haythem Hadhiri et la très talentueuse avec sa voie forte, rocailleuse et en même temps douce Bouthaina Nabouli.
Au fil du spectacle, le public a également entendu des nouveautés comme le morceau, Kabirtou ya Ommi (Maman, oh je vieillis !) mobilisant les paroles du grand poète arabe Nizar Kabbani, chantées avec une grande justesse et tendresse par Rihab Seghaier. Ainsi que d'autres morceaux peu connus composés par Khaled Waghlani.
Le public, sincèrement, ne s'est pas aperçu du passage du temps et a bel et bien suivi attentivement les différents détails de cette orchestration. Seul bémol, toutefois, c'est que à maintes reprises les instruments de percussion étaient très dominants par rapport aux autres instruments, ce qui a empêché, à certains moments de cet excellent spectacle, de savourer et de retenir les mélodies présentées.
Très bel article !