La pièce "La toge des insensés" de Vagba Obou Desales : appel à plus de sincérité dans le couple
- Mohamed Ali Elhaou
- il y a 2 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 21 heures
Dans le cadre de la 26ᵉ édition des Journées Théâtrales de Carthage qui se sont achevées samedi 29 novembre 2025, les amateurs du théâtre africain ont pu explorer le théâtre ivoirien à la salle Le Rio dans la capitale Tunis, vendredi 28 vers 19 h 00, dans une soirée pluvieuse.
En l'occurrence, il s'est agi de la pièce "La toge des insensés" qui est en tournée mondiale depuis 2022 et mise en scène par Vagba Obou Desales.
La fable dure une heure et 90 minutes. Elle est marquée par une musique sublime venant de l'âme africaine créée par le musicien Abou Bassa (déjà fait un jungle en hommage au footballeur Didier Drogba) et qui accompagne en douceur la représentation du début jusqu’à sa fin.
Sur les planches, trois femmes matures en couple qui se confessent sur leur vie conjugale intime : leurs fantasmes, désirs, orgasmes mais également leur frustrations et insatisfactions ainsi que les faux-semblants et les non-dits qui rongent leurs vies conjugales.

Les trois comédiennes : Ève Guéhi, Annick Kéïpo Loussouko et Takou D'Assié portent donc ces anecdotes en incarnant trois personnages, Rym, Olivera et Tina, tout en élaborant un discours frontal.
Dans un contexte de retrouvailles entre amies, les trois protagonistes appellent, en fait, à une libération totale de la femme à la fois des jugements moraux ainsi que des normes sociales présentées comme caduques dans cette intrigue.
Ainsi, après 22 ans d'absence, les unes et les autres narrent la condition précaire de la femme africaine : souvent obligée de taire ses désirs tout en portant un masque social tout le temps de peur d'être jugée et déclassée par le regard des autres.
En ce sens, la pièce "La toge des insensés" met en avant cette phobie en mobilisant une approche freudienne présentant l'individu comme, par essence, un être sexuel au premier abord.
Les trois personnages de la pièce avouent chacun à son tour son manque d'épanouissement dans le couple, son désir inassouvi, ses "montées au 7ᵉ ciel" pas réalisées, selon une réplique de la pièce.
Les conjoints de ces trois femmes sont également interprétés par les mêmes trois comédiennes avec un style de jeu à la fois crédible et comique.
En outre, "La toge des insensés" dans une mise en scène assez minimaliste mais, en même temps, qui change d'univers avec un rythme dynamique et parfois révolté met en avant un récit féminin vindicatif cherchant à changer le modus operandi d'une société qualifiée comme patriarcale.
Cette pièce se présente donc comme un manifeste contre l'hypocrisie sociale brimant les femmes, selon le metteur scène, où elles sont obligées de jouer la chasteté et la propreté absolue afin d'être acceptées socialement.

La trame de "La toge des insensés" dénonce aussi le visage caché des hommes. Ces derniers sont peints comme ayant également des fantasmes, mais se ruent le plus souvent vers l'industrie pornographique diffusée sur la toile ou encore cachent leur impuissance sexuelle. Celle-ci, selon la pièce, peut être de l'ordre de maladies mentales ou réellement physiques, comme la maladie de varicocèle par exemple.
"La toge des insensés" dresse au final une archéologie de l'intimité et appelle à une relation conjugale saine et sans masque, dès le départ. Car, selon la pièce, ces relations de couple sont le plus souvent bâties sur le mensonge et les promesses non tenues.









































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