La prison du goût : la controverse autour de la ressemblance entre la chanson de Mohamed Jebali et Fadhel Chaker - De Seif Bennia : musicien et compositeur
- Seif Bennia
- Aug 20
- 2 min read
Updated: Sep 4
La récente controverse autour de la ressemblance entre la chanson tunisienne "Khalini Bjanbek" de l'artiste Mohamed Jebali et la dernière chanson tendance "Ahla Rasma" du chanteur de variété libanais Fadhel Chaker (qui a généré près de 130 millions de vues sur YouTube) met en lumière une réalité de l'industrie musicale dans le monde arabe : les chansons commerciales sont conçues comme des produits de masse.
Au-delà des clichés rythmiques et harmoniques, l'adoption de la même signature modale contribue fortement à cette impression de déjà-entendu.

L'évolution de la chanson dans le monde arabe...
L'idée n'est pas de dévaloriser la musique actuelle, car chaque époque crée ses propres tendances. Cependant, on a le droit d'être assoiffé de diversité et de développement musical. Il est tout à fait légitime de vouloir être surpris et intrigué par une mélodie, d'attendre de la musique qu'elle nous offre une certaine complexité et une authenticité marquée par le style.
Contrairement à ces productions de masse, les chansons d'artistes comme Oum Kalthoum, Mohamed Abdelwahab, Georges Wassouf, Kadhem Essaher, Marcel Khalife et autres étaient le fruit d'un travail intellectuel et d'un développement musical approfondi. Leurs chansons, bien que souvent longues, créent un effet de surprise et d'innovation constants.
Les spécialistes de la composition à l'époque prenaient leur temps pour réfléchir à la traduction des textes et émotions complexes par la musique et réussissaient à surprendre par les modulations, les variations et la diversification des rythmes et le style.
La consommation musicale et ses conséquences...
Cette approche met en évidence un contraste frappant avec la production actuelle, où l'accélération du processus compositionnel vise avant tout la production et l'accumulation de contenu. Cette approche moderne orchestrée par de grosses boîtes de production et de distribution musicale, axée sur la consommation, a pour effet de conditionner le goût du public.
L'offre, bien que diversifiée en apparence par ses canaux de distribution et ses visages, est souvent uniforme dans son contenu. Pour s'affranchir de cette "prison du goût" et de cette offre unique, il faut un effort conscient pour explorer d'autres genres et des œuvres plus complexes, et surtout avoir des musiciens passionnés et bien formés aux commandes.









































Bravo Seif, moi j'allais écrire un petit mot puis j'ai abandonné je ne vois pas le lien entre un glissando du fa vers le mi bémol; et un passage avec un petit saut vers le Sol plus stricte, deux sensations musicales différentes même si les notes de bases se ressemblent.
Ce que les gens ne font pas attention aussi dans les paroles c'est que جنبك inclut un ميم caché dans la prononciation, contrairement à معاك les lettres sont plus claires et fluides.
J'ai travaillé une fois sur une solution technologique pour les droits d'auteurs en musique orientale, je suis passé de 12 à 24 bins/octave mais ça reste un vrai casse-tête...
Bravo Seif tu es inspirant
Bravo pour l'article, oui effectivement les mélodies se ressemblent sans apporter du neuf.