Mai Farouk : superbe découverte pour les amateurs du tarab

Les festivaliers de Carthage avaient rendez-vous le 16 août 2025 avec une soirée inédite dont la protagoniste principale est la chanteuse et formidable interprète des chansons classiques arabes, à savoir Mai Farouk. Ce concert vient commémorer le 50ᵉ anniversaire du décès de l'Astre de l'Orient Om Kalthoum.

Mai Farouk sublime le 16 août 2025. Crédit photo : Mohamed Ali Elhaou

Dans une ambiance fraîche de fin d'été, Mai Farouk, en compagnie du chef tunisien Mohamed Lassoued, avec son orchestre composé d'une cinquantaine de musiciens, la plupart jeunes et talentueux, ont montré une harmonie de groupe dans laquelle le chant égyptien se mélange avec une exécution musicale tunisienne recherchant la perfection. En ce sens, la troupe de Lassoued a été très impliquée et disciplinée.

C'est bien saillant, en l'occurrence, que l'ensemble des artistes, y compris la chanteuse, a bien pris le temps pour préparer les répétitions et les moindres détails des mélodies présentées lors de ce concert qui appelle à l'amour.

Mai Farouk, connaissant peu le public de Carthage, puisqu'elle se produit pour la première fois sur les planches de ce théâtre mythique, a été étonnée de l'attachement que les Tunisiens portent à Om Kalthoum. Ils sont en effet capables de fredonner et réciter l'ensemble du répertoire de cette artiste éternelle et esthétiquement immortelle.

Le concert a duré deux heures et trente minutes. Lors de cette performance, qui rappelle ce qu'avait fait Assala Nasri l'année dernière, Mai Farouk n'a manqué aucune occasion pour montrer ses prouesses techniques dans le chant et la force de sa voix qui surpasse le chœur, les cris et les agissements du public.

Petit extrait du concert. Crédit : culturetunisie.com

Durant son interprétation des joyaux d’Om Khaltoum, à l'instar d'Al Atlal, elle a eu plusieurs fois des bouffées de sensibilité qui ont fait déverser des larmes sur ses joues.

Mais ce sont des larmes de joie, car à chaque fois le public faisait des retours époustouflants marqués par des sursauts d'adoration et des applaudissements d'admiration à cette artiste de 43 ans, remplie de charges émotionnelles dans une arène de spectacle ne laissant pas indifférent tout artiste de par le monde qui en fait l’expérience.

Photos du concert de Mai Farouk. Crédit photos : Mohamed Ali Elhaou

Mai Farouk a choisi le chemin du tarab, un chemin périlleux, sans aucun doute, de nos jours marqués par la prolifération des mélodies sans instruments véritables sur scène telles que le techno, le rap ou encore le slam.

Ce qui est sûr, c'est que la soirée d'hier restera dans les annales de la 59ᵉ édition du festival de Carthage car elle renoue, sans complexe, avec l'art véritable, c'est-à-dire à travers lequel le public apprend et devient meilleur quand il y est exposé.

Mohamed Ali Elhaou