Adam sur les planches du Festival de Carthage, dans la lignée et l'adrénaline de Georges Wassouf
- Mohamed Ali Elhaou
- 19 août
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 août
Les gradins du public du chanteur libanais, à dimension arabe, Adam étaient archicombles dans une ambiance estivale très humide. L'affluence vers cette soirée du 18 août a commencé à partir de 17 h 00. Les spectateurs viennent de tout le territoire tunisien. Parmi ceux-ci, il y avait les vacanciers qui vivent en Europe et qui viennent découvrir en live, car ils le connaissent dans les médias, cet artiste se produisant pour la première fois au Festival de Carthage dans sa 59ᵉ édition ; qui se rapproche, par ailleurs, vers sa fin, notamment le 21 août.

Adam, de par sa morphologie, sa stature, la teinte de sa peau, ses traits, n'est pas, en réalité, du genre des artistes libanais policés et qui ont généralement subi des opérations esthétiques pour paraître plus jeune, plus beau et plus subliminal.
Ainsi, Adam, il a les traits de la "normalité", des gens de tous les jours. Il a les traits de l'Homo arabicus de rue. Et c'est un vrai chanteur populaire, car il est capable de chanter tous les modes : à la fois les classiques, notamment ceux qui ont été chantés par Mayada Hinawi dans son morceau Ana Baachaâk mais aussi les plus légers, surtout ses chansons à lui : Kol Wahed, Hatha Ana, Kholes El Damei et bien d'autres morceaux que l'assistance fredonne par cœur.
Lors d'une soirée qui a duré deux heures entre 22 h 00 et minuit, Adam s'est dépensé sur scène devant des présents complètement acquis à sa méthode et conquis par son art. La plupart de ses chansons à lui ne dépassent pas les trois minutes et sont dans les normes industrielles de la production musicale et du déroulé de la chanson arabe dite moderne.
Techniquement, Adam s'épanouit dans le mode arabe Bayati. Celui-ci est un mode mélancolique qui fait sortir la douleur sentimentale par le chant et les cordes vocales. Chose que cet artiste sait bien faire, au point qu'il en abuse parfois. Mais c'est bel et bien sa signature.
L'exécution artistique d'Adam allie en outre à la fois force et tendresse, ce qui fait que ce chanteur-interprète est habité par les pièces musicales qu'il prononce. Il chante le romantisme, l'amour qui s'accentue après la disparition et la séparation.
Sur les planches de Carthage, il est emporté par les mélodies et il insiste à chaque rime avec une technicité vocale puisant dans la profondeur de l'air oriental. Souvent il ferme ainsi les yeux en chantant, c'est une fermeture tarabie, d'extase comme en train d'être anesthésié sur scène, ou même perdre la conscience.
Durant ce spectacle, qui demeurera gravé certainement dans l'esprit des présents, Adam a fait hommage au grand Georges Wassouf, qu'il considère comme une source d'inspiration permanente, notamment en interprétant son morceau emblématique Helaf El Amar.
En partant, Adam a salué, dans le déchirement, son public tout en promettant d'autres soirées dans ce lieu qui a été féerique hier, à savoir l'amphithéâtre romain de Carthage, théâtre de la communion et de la joie avec un artiste d’exception dans le champ artistique actuel arabe et, plus particulièrement, dans la musique mélodieuse classique dans ce territoire caractérisé par une émotion particulière, par sa virulence, qui le distingue des autres peuples de la planète.

































Magnifique article et magnifique artiste !