"Imagine" : une symphonie tunisienne d’émotions et de pensées sur les planches du Festival International de Carthage
- Sofien Manai
- 9 août
- 3 min de lecture
Après avoir conquis le public à travers de nombreuses représentations, le spectacle musical novateur de Karim Thlibi, "Imagine", a brillé, encore une fois, sur la scène emblématique du Festival International de Carthage dans sa 59ᵉ édition.
Ce spectacle d’envergure a réuni, vendredi 8 août 2025, une cinquantaine de musiciens tunisiens dans une symbiose unique entre musiques traditionnelles et symphoniques, enrichie par des projections visuelles saisissantes. L’artiste a livré à son assistance ici les clés de cette œuvre hors du commun, à la fois esthétique, émotionnelle et profondément ancrée dans l’identité tunisienne.

Considéré comme le tout premier psychodrame musical produit à l’échelle arabe, "Imagine" défie, en l’occurrence, les codes classiques du spectacle. Pour Karim Thlibi, le psychodrame dépasse la simple narration : "On parle de psychodrame lorsque la musique ne vise pas à transmettre un texte, mais plutôt à exprimer une situation psychologique et dramatique précise. L’œuvre s’appuie sur les voix et les instruments plutôt que sur des acteurs", affirme-t-il.
Pourtant, des acteurs comme Mohamed Mrad ont fait irruption lors de la représentation du spectacle au milieu des applaudissements. Il s’agit là d’une approche artistique originale qui fait de la musique un langage émotionnel à part entière, capable de provoquer immersion, réflexion ou même légèreté.
Karim Thlibi insiste également sur la nature vivante de son œuvre. Chaque représentation donne lieu à des ajustements, reflétant l’évolution naturelle de ses propres ressentis et ceux du spectacle. "Un spectacle figé, que l’on ressort à l’identique comme un plat conservé au frigo, me paraît contraire à l’essence même de l’art et de la vie", affirme-t-il.

Ainsi, la version présentée lors de la soirée du 8 août au Festival de Carthage conserve l’esprit de l’œuvre originale tout en s’inscrivant dans une énergie nouvelle, propre à ce moment. Malgré la richesse et la profondeur du spectacle, "Imagine" reste esthétiquement et en substance accessible à tous, y compris aux enfants.
Aucun bagage intellectuel ou connaissance musicale particulière ne sont requis, l’expérience se vivant au rythme des émotions que suscite la musique. Cette pluralité d’approches — du simple plaisir auditif à la méditation introspective — fait toute la force et la singularité du spectacle.
Le texte, signé Mohsen Ben Nefissa, constitue la trame littéraire que Karim Thlibi a transposée musicalement et dramatiquement. Dans ce travail, des efforts ont été fournis pour montrer la capacité de la musique tunisienne à traduire des textes littéraires riches en sentiments et réflexions : "Notre musique est aussi expressive que les musiques internationales", souligne Karim Thlibi.
Dans sa version "spécial Carthage", Karim Thlibi a rendu hommage à la Palestine et à sa juste cause, mettant en avant la lutte continue du peuple palestinien et sa patience à supporter l’insupportable. Des images et des séquences vidéo illustrant la souffrance du peuple palestinien causée par la machine de guerre sioniste ont été projetées.
Le violoniste qu’est Karim Thlibi a réservé une place centrale à son instrument, véritable prolongement de son âme et de son expression musicale. Avec "Imagine", il a offert, sans nul doute, au public tunisien et international (plusieurs spectateurs chinois ont été présents lors de ce spectacle), une œuvre puissante, singulière et profondément humaine – une symphonie d’émotions et de pensées, qui a bel et bien résonné sous les étoiles de Carthage.









































Article magnifique au même titre que le spectacle