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"Lafarretta" de Youssef Mars : troupe musicale engagée et désormais inadaptée au temps actuel

Mohamed Ali Elhaou

Le 12 février 2025, le public s'est déplacé en grand nombre pour assister à l'avant-première de la pièce de Théâtre "Lafarretta لعفرّته" qui s'est produite à la salle du 4ᵉ art à Tunis. Cette pièce est en l'occurrence une œuvre de "Mars Production". Elle a bénéficié d'une subvention du ministère des Affaires Culturelles (il faut dire que celle-ci n'est pas encore arrivée, selon l'équipe de la pièce). La pièce dure donc une heure et 30 minutes. Elle se base principalement sur le dialogue et la narration avec un style presque télévisuel. En ceci, Youssef Mars est fidèle à son style.


Le 12 février 2025, le public s'est déplacé en grand nombre pour assister à l'avant-première de la pièce de Théâtre "Lafarretta لعفرّته". Cette pièce est en l'occurrence une œuvre de "Mars Production". Elle a bénéficié d'une subvention du ministère des Affaires Culturelles (il faut dire que celle-ci n'est pas encore arrivée, selon l'équipe de la pièce). La pièce dure donc une heure et 40 minutes. Elle se base principalement sur le dialogue et la narration avec un style presque télévisuel. En ceci, Youssef Mars est fidèle à son style
Les comédiens de la pièce "Lafarretta" de Youssef Mars, création ©culturetunisie.com

La scénographie de la pièce "Lafarretta" est minimaliste : elle fait usage de l'espace vide dans lequel l'acteur, ses émotions, ses mouvements et son discours, est le seul maitre à bord. Quant au texte de la pièce, Youssef Mars et Nourdin Hamami ont choisi une troupe musicale engagée, comme trame de fond pour rendre compte des évolutions de notre société. Cette troupe porte le nom de "Lafarretta". Celle-ci fait de la musique politique et engagée. Elle est marquée par son idéologie communiste et sa résistance aux différents pouvoirs en place.


Petit extrait de la pièce : ©culturetunisie.com


Il faut dire que ce mouvement de gauche a bien nourri le théâtre et les différents arts dans notre pays, notamment le cinéma. Dans la pièce, cette troupe "Lafarretta" rappelle un pan entier d'une vague de musique engagée incarnée, entre autres, par El hamayim el bith, Ouled El gaboudia et El bahth el moussiki.


En effet, la pièce de Youssef Mars fait un clin d'œil au mouvement de la musique alternative qui a fait flores vers la fin des années 70. C'est une musique accompagnant les rêves de la jeunesse pour mettre fin à la tyrannie. Elle prenait son essor dans les universités et les maisons de la culture du pays. Ainsi, des chansons restées gravées dans la mémoire collective des militants des années 80, comme "Hilla Hilla ya matar", "Koul el-bissisa", "Babour zammar" du feu Hédi Guella et bien d'autres morceaux, ont fait le socle d'une culture de la résistance.


Ainsi, selon la pièce, la troupe "Lafarretta" était, dans la pièce de Youssef Mars, un acteur de cette musique alternative, laquelle était un mouvement artistique formant un état d'éveil et engendrait plusieurs artistes engagés, citons encore : la troupe Awled el-Managim, les artistes Ezzine el-Safi et Mohamed Bahr; les poètes tels que Adam Fathi, Kamel El-Ghali, Belgacem Yacoubi, Tayeb Bouallegue, Abdeljabbar Elleuch, Sagheir Ouled Hmed et Rchid Riahi dont certains poèmes viennent sur les lèvres de Nourredine Hamami à travers son personnage Si El Kamil.


La pièce souffle un vent du sud


Les accents de cette pièce sont des accents de révolte et en même temps de poésie. Les vers sont prononcés avec une âme du sud provenant des limbes du désert. Ces paroles sont à la fois agressives et tendres, bourrées d'humour, d'interjection, d'exclamation, de franc-parler et de feintise. Choses que Nourredine Hamami a su faire avec brio.


Ce vent du sud est mis en dialectique avec un monde moderne incarné par le personnage de Hbiba, une femme moderne et belle. Une femme, jouée par Mouna Chennoufi, qui veut sortir du carcan de la féminité, de la reproduction, du foyer et de la soumission au masculin. C'est une femme voulant s'émanciper, sans tenir compte de l'opinion des autres. Aussi, sa progéniture est brutale. Elle qui ne veut plus porter des enfants, car elle désire garder la beauté éternelle de son corps. Dans la pièce, le personnage Hbiba affirme clairement cette position.


Avis de Ayadi Aounallah sur la pièce "Lafarretta" ©culturetunisie.com


Alella son premier amant, avec qui elle a eu une seule fille, Chams, est membre fondateur de cette troupe "Lafarretta". Il avait fait un accident vasculaire cérébral (AVC). C'est un personnage n'apparaissant pas sur scène, mais souvent cité en souvenir. Hbiba fait une deuxième vie avec son nouveau conjoint Nadhem, joué avec une très grande énergie par le formidable comédien Lotfi Ennajeh. La vraie découverte de cette représentation. Celui-ci tombe sous la coupe de Hbiba qui le ballote comme sa poupée. Elle ne veut plus avoir d'enfants de lui. Elle veut juste l'utiliser, car elle compte se présenter aux élections et qu'elle veut donner l'impression de mener une vie conjugale saine et dans la norme sociale. La progéniture de Hbiba et Si El Kamel, respectivement Labib et Chams, s'aiment, mais ne savent pas comment s'aimer. Cette jeune génération est complétement égarée, à la fois, par les conflits de la génération ainée, mais aussi par un environnement qui ne leur laisse pas beaucoup de perspective d'épanouissement.

 



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13 feb
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Merci pour cet article, cela donne envie de voir la pièce

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