"Lalalam" de Hessine Grayaa et Foued Zazaa : belle narration du syndrome de repli sur soi
- Mohamed Ali Elhaou
- il y a 22 heures
- 2 min de lecture
Les habitués des "Rencontres Théâtrales de Lartisto", au 3 rue de Damas à Tunis, avaient rendez-vous le 30 octobre avec la 4ᵉ représentation de la pièce "Lalalam" de Foued Zazaa présentée lors de la 11ᵉ édition de cette manifestation artistique ayant commencé le 25 octobre et se poursuivant tous les jours à partir de 19 h 00 jusqu’au 1ᵉʳ novembre 2025.
"Lalalam" est un monodrame magique, une pièce de théâtre existentielle qui projette le spectateur dans un futur où la norme deviendra plus qu'aujourd'hui le repli sur soi et la solitude.

Dans ce monde de recroquevillement, chaque individu est satisfait de son être seul tout en vivant dans un monde virtuel pour oublier sa solitude et la pauvreté de sa vie dans le groupe.
De manière touchante et très proche du spectateur, surtout le spectateur adulte, la pièce montre Mokhtar, un professeur de philosophie, désormais plus de la cinquantaine, vivant dans un cave-studio dont la femme et les enfants sont partis. Dorénavant, il mène sa vie tout seul et souffre du syndrome du repli sur soi, appelé dans un langage technique le syndrome de la cabane.
Mokhtar ne parle plus à personne, il a peur d'ouvrir la porte de son domicile. Il a appris à discuter avec des objets dans une configuration de seul au monde. Dans son propre vide, il remplit son quotidien par des rencontres chimériques et des illusions.
Sur le plan de la forme, "Lalalam" est un récit magique dans une scénographie très créative qui reconstruit l'environnement du domicile du personnage principal. Le texte est très bien huilé et la narration de Hessine Grayaa est très posée et pleine de maîtrise et de couleur dans la performance de comédien.
Cette œuvre plonge le spectateur donc dans une situation dramatique lui permettant de se poser des questions liées au salut individuel, l'isolement volontaire et ses perspectives, la peur de l'autre, la fuite des problèmes et la faiblesse de la personnalité face aux défis grandissants du destin.
"Lalalam" est une fable inclassable, elle n'est ni optimiste, ni pessimiste. Elle s'interroge sur le parcours existentiel que prend chacun de nous et traite de l'individualisme qui colonise plus que jamais les esprits, dans un monde, à vrai dire, qui devient malaisé à vivre collectivement.

"Lalalam" met ainsi le spectateur dans une marginalité qui est en train de gagner du terrain et pouvant frapper chacun de nous dans une société incertaine, dangereuse et sans morale malgré la démonstration ainsi que la prolifération de l'apparence de la religiosité.
Pièce pleine de tendresse, à voir absolument, Hessine Grayaa, maîtrise parfaitement son outil de comédien, son objet et son art. Il est d'une justesse inégalable dans le jeu dramatique et s’insère dans l’univers de "Cast Away" (2000) de Robert Zemeckis joué par l’immense acteur Tom Hanks.












