'Statue en pierre', 'Timthal Hjar', de Karim Achour : invitation à la démythification des grands récits
- Mohamed Ali Elhaou
- il y a 11 heures
- 3 min de lecture
Les passionnés du 4ᵉ art avaient rendez-vous, mardi 4 novembre, avec la pièce 'Statue' en Pierre’, Timthal Hjar, de Karim Achour. Cette pièce est en tournée depuis la nouvelle rentrée théâtrale débutée en octobre 2025.
Elle a été présentée hier lors de la troisième édition du festival national du Théâtre tunisien (TNT) "Saisons de la Création".
Cette pièce est présentée par une troupe de Sfax (capitale du Sud tunisien) qui travaille sous la bannière de Société Joker que le public tunisois connaît très peu.

Les personnages de cette fable qui requestionne les grands récits collectifs et se fixe pour dessein la quête du sens commun sont interprétés par Rami Cherni, Houssem Mabrouk, Ahmed Hachicha, Hamdi Abdeljaouad, Aymen Khabouchi, et Sadek Mazid, et bien d'autres noms.
Sur le plan de la forme, cette intrigue est très bien élaborée avec un texte fluide, crédible et des personnages maîtrisant parfaitement leur partition tout en jouant sur scène.
L'action des personnages est constituée de trois lieux qui changent suivant le mode d'éclairage, l'évolution de l'intrigue et s'opère par le déplacement fluide de trois murs mobiles mobilisés sur scène : l'université, le bar ou le port.
Les personnages aiment se soûler pour ne pas être en confrontation avec un parcours ou un réel qu'ils cherchent à éviter. Ils sont pleins de secrets, d’histoires refoulées et de non-dits.
L'intrigue de 'Statue en Pierre' est linéaire, intelligible et même cinématographique : un schéma de début, nœud dramatique et un twist comme chute – c'est-à-dire une surprise vers la fin de la problématique dramatique présentée au départ.
Cette fable se déroule à l'université des beaux-arts. Celle-ci célèbre le trentième anniversaire du décès d'un personnage symbolique pour la culture nationale, "Le capitaine Nout".
Pour ce faire, un sculpteur de renom est chargé de mémoriser et d'éterniser son souvenir afin qu'il devienne un symbole de "lutte", de "dignité" et de "bravoure" dans sa société.
La pièce aborde, sur le fond, la récupération des artistes à des fins de glorification politique et même sacrée, car le metteur en scène Karim Achour laisse, sur ce point, ouvert dans la pièce le niveau d'interprétation.
Dans cette perspective, 'Statue en pierre' interroge la sincérité de l'artiste à l'égard des œuvres faites sur commande. À quel point l'artiste travaillant pour le système est-il convaincu du sens de son travail ?

En ce sens, la mythification de certains personnages et leur mise en symbole, n'est-elle pas une façon de figer la dynamique historique ?
La représentation est bourrée d'élan de jeunesse et voulant tout mettre et remettre en interrogation. Mais à quel point une société est capable de réviser ce qui la fait tenir, ses mythes, ses utopies communes et même ses illusions ?
Aussi, si l'ambition de tout déconstruire est grande, le chemin de la reconstruction ne sera pas, par la suite, facile et empli de fleurs, c'est ce que nous sommes en train de voir et de constater dans le contexte tunisien.
Le reconstruction demande en effet le sacrifice d'au moins une génération, deux, voire plus.
Œuvre substantielle et à voir certainement, car son objet artistique est original et présenté avec légèreté, humour et dérision.





















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