'Pet Cats' de Aws Brahim : univers théâtral punk, anglo-germanique conjuguant romantisme et violence
- Mohamed Ali Elhaou
- il y a 10 heures
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Au 'Palais de Halfaouine', jadis palais du grand vizir du bey, Mustapha Khaznadar, le 7 novembre 2025, où se trouve actuellement le Théâtre National Tunisien (TNT) et plus particulièrement son auditorium, le public avait rendez-vous vers 17 h 30 avec la pièce 'Pet Cats' mise en scène par Aws Ibrahim présentée dans le cadre de la troisième édition des 'Saisons de la création' qui s'achève ce soir.
La pièce est une production Art Aous pour la Production et la Distribution Artistique. ’Pet Cats’ dure une heure et 20 minutes, dans laquelle jouent plusieurs comédiens de talent qui ont l'habitude de matérialiser l'univers décalé, imaginaire et extravagant d'Aws Brahim depuis, entre autres, Godzilla.
Ces acteurs sont : le comédien confirmé Yahia Feidi, la sublime Manel Baccouri, la belle et charismatique Feryel Ben Boubaker, le très talentueux et authentique Mohamed Bouzid et l'énergique Boubaker Ghannay.
En ce qui concerne les références esthétiques de ‘Pet Cats’, la pièce se prête à l’atmosphère d’une boite de nuit qui se transforme en arène de combat. En ce sens vient à l’esprit le film ‘Fight Club’.
Cette ambivalence est en réalité au service de la mise sous tutelle de l’attention du spectateur de par les costumes des comédiens, les accessoires, la lumière, les tubes néons en mauve, les paires de lunettes lumineuses, l'alcool, le maquillage, la sensualité, la proximité et la beauté.
À l'entame de la pièce, le spectateur entend un langage allemand, en pensant qu’il s’agit d’une ambiance techno. Les comédiens sont déjà en place. Le spectateur s'attend à un spectacle plein de musique, du moins à une longue chorégraphie bien élaborée et de la danse.
Cependant, il découvre au fil du spectacle un groupe de joueurs qui se retrouvent enfermés dans une série de jeux virtuels. Ceux-ci ne sont pas légers pour autant, car ils peuvent conduire à la mort. C'est donc du "serious-game".
Parmi ces candidats à un monde ludique mais en même temps violent et sans sentiment ni sensibilité, celui qui gagne a la possibilité de modifier un instant son passé ou aussi peut avoir la chance d’apercevoir une scène de ce qui va lui arriver à l'avenir.
En substance, la pièce aborde les choix que l'on peut faire dans son existence, elle met en visibilité les regrets, les frustrations, les décisions sur lesquelles chacun de nous veut revenir, le désir de revenir en arrière, le libre arbitre et la liberté d'action.
Parmi les questions que la pièce 'Pet Cats' pose, à ce titre, se trouve celles-ci : l'individu peut-il vraiment changer le cours de son destin ? Les barrières qui se dressent dans son mental sont-elles bien réelles et infranchissables ? Dans la vie, y a-t-il des opportunités rares que l'individu peut vraiment saisir ? La prise de risque et la société du risque dans laquelle nous vivons sont-elles un simple jeu ou bien un élément destructeur de la vie de l'acteur social ?
Sur le plan de la forme générale de ’Pet Cats’, la représentation s'inscrit dans l'atmosphère repérable, entre autres, dans l'art musical théâtralisé du groupe musical Daft Punk, notamment du morceau Around the world.
Ainsi, dans cet univers formel présenté dans 'Pet cats', chaque protagoniste de la pièce est muni de son ego spécial, sa personnalité excessive, ses violences, son désir de s'exprimer, de séduire et de plaire. Toutefois, chacun d'eux demeure seul et solitaire, échappant à la contrainte du lien social.
Sur le plan de la forme également, l'univers est enfermé, sombre, par moment festif et violent, ce qui lui manque c'est un brin d'érotisme. Pourquoi pas, puisque Éros est le dieu grec de l'Amour et du Désir, qui se prête parfaitement au monde du 4ᵉ art. La question est alors : comment le présenter et de quelle manière ?
Au final, 'Pet Cats’, présentée hier par Aws Brahim, est une pièce originale, différente, qui mobilise un théâtre post-moderne fondé sur une narration futuriste et punk permettant de voir un autre théâtre plus hermétique et qui défie la capacité d'analyse du spectateur. Sincèrement, l'univers de la pièce n'est pas facilement compréhensible. Il comporte des risques esthétiques pris dans la mise en harmonie des différents éléments du spectacle.
Très bel article et des comédiens prometteurs ainsi que le metteur en scène Aws Brahim