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"Jad" premier long métrage de Jamil Najjar sur les hôpitaux : audace du sujet et faiblesse esthétique

  • Mohamed Ali Elhaou
  • 19 oct.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 oct.

À la salle de l'Opéra à la Cité de la culture à Tunis a été projeté le 19 octobre 2025 le film "Jad" après une tournée internationale. C'est un long métrage qui pose un des problèmes épineux liés à l'essence de notre citoyenneté, à savoir le droit à une santé saine et à un service public de qualité.


Cette fiction fondée sur des histoires vraies plaide pour des établissements qui ne doivent pas devenir "des salles d'attente de la mort" ou des couloirs de désespérance, comme le dit et montre clairement "Jad".


Parmi la pléiade des acteurs présents dans cette fiction, sortent du lot deux très bons comédiens qui ont bien su véhiculer des sentiments à travers leurs personnages respectifs : en premier lieu Sondos Belhassen dans le rôle de Barbecha, ramasseuse des bouteilles en plastique, et ensuite Abdelkrim Bennani, cet employé sans scrupule au sein de l’hôpital qui devient un baron de l'intermédiation et du trafic des organes, des médicaments et même des équipements dans cet établissement censé incarner les valeurs du soin et de la prise en charge.
Sondos Belhassen crève l'écran dans le film "Jad" de Jamil Najjar . Crédit photo: culturetunisie.com

Durant une heure trente minutes, ce premier long métrage de Jamil Najjar fait voir sans nuance, sans concession, le calvaire des patients dans un hôpital dénommé Rahma (Pitié).


Le film reconstitue, de manière très crédible, le service des urgences et plonge le récepteur de ce drame dans le débordement du personnel au point que ce dernier devient inhumain, sournois voire cynique.


Ce long métrage est sincèrement audacieux et poignant. Il traite d'un sujet tabou dans notre pays : le chaos bien réel et véritable du service de santé.


À regarder de près, Jamil Najjar déconstruit un discours ambiant et officiel vantant les "prouesses du service médical public" ainsi que "ses réalisations inédites par le succès d'opérations chirurgicales difficiles".


"Jad" montre, au rebours de ce discours institutionnel, le revers de la médaille, la partie sombre de ces établissements qui, selon le film, deviennent de véritables lieux de souffrance et d’inquiétude pour leurs usagers.


Autrement dit, selon le film de Jamil Najjar, il y a bien un hiatus entre d'un côté un discours enjolivant les politiques de santé et la réalité concrète du traitement des patients de l'autre, notamment des malades démunis et leurs familles exploitées.


De fait, le parti pris de ce long métrage est sans appel et sans la moindre nuance : il y a de la corruption, de la prolifération des intermédiaires et l'oubli de la dignité du patient dans nos hôpitaux.


L'usage du nom de "Jad" dans le film, en référence à Jad Henchiri, médecin décédé au fleur de l'âge, apparaît progressivement dans cette fiction comme une métaphore pour dénoncer un service de santé qui agonise.



Parmi la pléiade des acteurs présents, sortent du lot deux très bons comédiens qui ont su véhiculer des sentiments à travers leurs personnages respectifs : en premier lieu Sondos Belhassen dans le rôle de Barbecha, ramasseuse des bouteilles en plastique, et ensuite Abdelkrim Bennani.


Cet employé sans scrupule au sein de l’hôpital qui devient un baron de l'intermédiation et du trafic des organes, des médicaments et même des équipements dans un établissement censé représenter les valeurs du soin et de la prise en charge.


Film à voir, même s'il comporte certaines faiblesses au niveau des dialogues ainsi que de leur dynamique très style séries, et dans le rythme de certaines séquences.


Son ambiance renvoie également bien plus au style feuilleton et parfois au style théâtral excessif qu'à réellement du cinéma, même si il y a des beauty-shots par-ci et par-là.


Sur ce plan, il manque quelque chose, c’est-à-dire l’identité cinématographique de "Jad".


Dernier mot, la plupart des propositions artistiques sont toutes sombres en ce moment en Tunisie et depuis au moins 14 ans, où le pauvre spectateur ne voit que de la noirceur partout.


Est-ce une crise du réel ou une crise de la créativité ?


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