Au professeur/docteur qui se cache derrière son diplôme... le théâtre ne te reconnaît pas!
- Mohamed Ali Elhaou
- il y a 3 jours
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours
Toi, ou toi, cher professeur ou docteur, toi qui es frappé saisonnièrement par des crises d'épilepsie et un gonflement de l'ego, et qui mènes des campagnes de haine abominables contre ceux qui ont accompli, innové et réussi, au lieu de regarder ton échec et ta perte. Si tu penses que le diplôme académique dont tu te vantes de manière grotesque et avec un sarcasme maladroit te donne le droit de faire taire les autres, laisse-moi te rassurer : tu as été trompé par ceux qui t'ont enseigné!

Certains t'ont trompé en te faisant croire que tu faisais partie de l'"élite", et que les autres étaient des adversaires et des ignorants. Mais ils ont oublié de te dire que le théâtre est un art humain, qui ne se mesure ni par les diplômes ni par les distinctions, mais surtout par le contact, l'épreuve et l'impact profond sur les gens.
Et quelle tragédie pour toi ! Tu es coincé dans cet art - peut-être malgré toi – et te voilà en train de tenter de le monopoliser par le titre, et non par le talent...
Et pour ton information, cher Docteur, dans les sociétés qui apprécient la véritable créativité, le diplôme académique n'est pas toujours un passeport, mais plutôt un gage de renouvellement et d'innovation permanents. Dans le monde avancé, les titulaires de diplômes académiques sont soumis à une responsabilité permanente : celui qui ne produit pas, n'innove pas et ne renouvelle pas, même s'il détient les plus hauts grades, voit son titre devenir juste de l'encre sur du papier.
Cette vérité est ignorée par ceux qui s'appuient sur leurs diplômes comme pour marquer une supériorité illusoire, tandis qu'en réalité, ils cachent derrière eux l'incapacité, la paresse et la condamnation des autres, et tentent, en vain, de monopoliser des positions fragiles qui correspondent à leurs ambitions modestes.
Et dans les sociétés avancées, qui ne te ressemblent pas, cher professeur, la question "qui est habilité à enseigner?" ne se pose pas ; car la réponse est claire : il y a celui qui crée et qui laisse une empreinte et celui qui enseigne, sans laisser de traces.
Il n'y a pas de différence entre le professeur et le balayeur, si l'un d'eux n'apporte pas ce qui éveille la conscience. Le balayeur peut nous surprendre avec une philosophie vivante, et le professeur peut être juste un morceau de papier qui a obtenu un titre dans un moment de sommeil institutionnel.
Le théâtre ne s'enseigne pas comme on enseigne les règles de grammaire ou la physique. Et il ne peut pas être réduit à une série de références théoriques, importées par nos universités sans tri ni questionnement. La formation ne se réduit pas à des livres, et les références ne créent pas des visions. La véritable référence dans le théâtre est le corps qui a vécu, le souffle qui s'est étouffé et l'œil qui a vu.
Et même certaines de ces références que tu as apprises sans compréhension n'ont jamais été déterminées par des universitaires, mais c'est le contraire qui est vrai: les plus grands innovateurs de l'histoire du théâtre – de Stanislavski à Brecht, de Grotowski à Brook, et de Peter Brook à Anne Bogart – ne se sont pas nécessairement formés dans des universités, mais dans des laboratoires d'expérimentation, sur de petites scènes, et à travers des tests vivants qui les ont conduits à construire leurs théories, et non l'inverse.
Et parce que tu es enfermé dans ta tour d'ivoire académique en ruine, tu n'as pas remarqué ce qui se passe en dehors des murs : le temps a changé.
Aujourd'hui, la formation sur le terrain, celle qui se déroule dans de véritables ateliers, dans l'expérimentation, est devenue l'option la plus légitime et la plus répandue.
Dans le monde entier, les systèmes de formation sont révisés, et les parcours non conventionnels, les enseignants expérimentés, les rêveurs audacieux, ceux qui ont tracé leur propre chemin, sont mis à l'honneur, et non ceux qui ont suivi un chemin tracé à l'avance simplement parce qu'ils ont obtenu une approbation administrative. Ne rejetez pas l'échec sur les autres, mais réveillez-vous, réfléchissez et examinez-vous de peur de disparaître.
Pour que la formation devienne une complémentarité et non une rivalité
Le moment présent place le théâtre tunisien aujourd'hui devant un choix historique : soit nous continuons à nous abriter derrière les institutions et le prestige académique dont les programmes et les méthodes d'enseignement n'ont pas été révisés depuis des décennies, produisant ainsi des cohortes de "théoriciens du théâtre", soit nous repensons radicalement les mécanismes de formation pour nous ouvrir sur ce qui se passe dans les ateliers, dans l'expérimentation, dans le contact direct avec la réalité. L'avenir ne se construit pas avec des diplômes, mais avec l'expérience.
En réponse à Fathi Akkari, entre autres
Permets-moi d'ouvrir discrètement la boîte de Pandore et de te rappeler que ton engagement envers la méthode scientifique et la précision n'était pas courant lors de la fondation du Centre des Arts Théâtraux (l'ancien Institut supérieur des arts dramatiques (ISAD), où toi et tes camarades de génération – comme Ezzeddine Gannoun, Ridha Boukadida, Hassen Mouathen, Rabiâ Ben Abdallah, Abdelmajid Jallouli, et bien d'autres – vous avez été formés par des personnes (moi y compris) sans expériences académiques ou diplômes élevés, et quelle horreur, à l'exception peut-être de deux personnes (Rached Mannai pour les marionnettes et Habib Massrouki pour le cinéma).
Votre formation à l'époque était un pur effort, une adaptation à l'inconnu et un test du possible. Et quand je relis aujourd'hui le programme fondamental, je souris à certaines de ses généralités méthodologiques et appliquées qui n'étaient que des débuts issus de cette époque.
La question essentielle ici est : comment votre génération a-t-elle réussi – malgré ces débuts modestes – à propulser cet art vers des horizons lointains, à produire une créativité marquante, et à proposer des alternatives intellectuelles et esthétiques distinctives, avec le théâtre organique comme exemple, tandis que les expériences ultérieures, malgré la possession d'outils plus avancés, n'ont pas pu atteindre le même impact ?
Aussi, lorsque vous avez été invités plus tard à transmettre votre expérience et à former les nouvelles générations, qu'avez-vous fait ? Dois-je être franc ? Vous avez renié vos origines "révolutionnaires" d'où vous êtes partis, et vous avez semé chez vos élèves une certitude fragile qu'ils sont la "génération choisie", les transformant en paons se pavanant avec des illusions de sélection.
Vous les avez trompés en leur faisant croire que le théâtre est un secret fermé dont les portes ne s'ouvrent qu'avec vos clés, que quiconque en dehors de vos institutions est un intrus, que toute idée que vous n'avez pas bénie est suspecte, que toute différence est une trahison, et que toute audace est une menace !
N'est-ce pas ce qui s'est passé ? N'avez-vous pas répété – avec votre camarade, Ezzedine El-Abbasi – aux oreilles des étudiants que les œuvres de Jebali et de ses semblables "ne sont pas du théâtre", et que tout ce qui est en dehors de votre programme est "ubuesque"? Combien de courants artistiques créatifs avez-vous étouffés sous votre manteau, n'échappant que quelques fragments dont certains se sont enfuis eux-mêmes, tandis que d'autres sont tombés dans la machine des valeurs fausses et de la stérilité artistique. Et le résultat ?
La maladie s'est aggravée, la culture de l'exclusion s'est enracinée, et des formes de condescendance ont fleuri, sacralisant les barrières entre "l'élite" et "la marge", transformant le dialogue en un conflit de légitimité. Alors, quelle est la solution maintenant ?
Fermons-nous les yeux sur le passé ou le rappelons-nous pour le juger ? Pardonner ou se souvenir ? Mais comment traiter une blessure qui a grandi dans l'ombre jusqu'à devenir un arbre majestueux aux racines ramifiées ?
Tribune de Taoufik Jebali pour la réforme de l'enseignement du théâtre
traduite par Mohamed Ali Elhaou
Quelle tribune, vraiment bravo Si Taoufik