Au Festival de Carthage : Zied Gharsa sur les pas de Khmaies Tarnane
Hier le 25 juillet 2024, le public était fort nombreux au Festival International de Carthage pour assister à leur chanteur national Zied Gharsa. Zied est bel et bien spécialisé depuis maintenant 40 ans dans le patrimoine chanté écrit et transmis oralement. Il est chanteur, interprète, entrepreneur de musique par les clubs de chants qu'il anime, professeur de musique, instrumentiste, compositeur et chef d'orchestre qui a collaboré avec les grands comme Samir Agrebi et Ali Louati, entre autres. Il a démarré très jeune à l'age de 10 ans, il rentrera indéniablement dans l'histoire des artistes ayant marqué la consolidation de la musique dans notre pays, car il s'inscrit dans "l'école de Tunis" des arts en général et du chant en particulier. Beaucoup le considèrent comme un "trésor vivant" par la singularité de son art et de l'univers dans lequel il s'investit.
En l'occurrence, Zied Gharsa se veut dans la lignée du monstre Khemaïs Tarnane, un des maîtres incontestables du malouf tunisien, connu pas ses waslats musicales. D'ailleurs, Zied Gharsa, a commencé son concert en faisant hommage à ce fameux artiste en chantant une wasla de ses nombreuses Barawils qui ont fait flores à la Rachidia. L'ambiance était à la célébration, d'autant plus que cette date correspondait à la fête de la République. Le spectacle était de ce fait diffusé en direct sur la télévision nationale.
À 22 h 10, Zied Gharsa rentre sur scène avec une Jebba blanche. Généralement, c'est un artiste se produisant assis, avec un orgue devant lui. Il est pour la musique savante, mais son public demande toujours ses titres d'ambiance et festifs. Il a entamé par des Mouachahs et des Waslats, une sorte de musique savante rentrant dans le malouf tunisois et quelques régions du nord, comme Testour.
À la première heure donc, face à une musique exigeant de l'écoute attentive, le public présent n'était pas très accroché. Cependant, à partir de minuit, l'ambiance devient autre. Le concert est monté crescendo et les bassins des femmes et des hommes commencent à bouger. C'est l'heure de la danse du ventre dans laquelle chacun contribue avec l'énergie qui lui reste. Progressivement, on sort donc du spectacle solennel pour aller dans une atmosphère familiale rappelant l'ambiance des mariages surtout dans les années 90 et 2000 dans la partie nord de notre pays.
Artiste adorant les Youyous
Dans cette ambiance de mariage, dirigée sous la baguette magique de Kamel Abassi, Zied interpelle le nombreux public présent en lui demandant de lui faire des youyous pour qu'il puisse se produire avec la même énergie du départ. Cette demande de l'artiste revient tous les quarts d'heure. Sincèrement, on n'a pas aperçu le temps passé, essentiellement durant l'acte final de la performance.
L'ensemble du concert à durée 2 h et 20 minutes. La journaliste Nawaam Ghribi relate le spectacle en ces mots : "Zied Gharsa a véritablement illuminé la scène du Festival International de Carthage avec un concert exceptionnel qui a su captiver le public du début à la fin. Son talent inégalé, combiné à une maîtrise parfaite de son art, a fait de cette soirée un moment inoubliable. Gharsa a démontré une fois de plus pourquoi il est considéré comme l'un des piliers de la musique tunisienne. Son interprétation émotive, sa voix puissante et son charisme naturel ont transcendé la scène, créant une atmosphère magique enchantant sans aucun doute les spectateurs. Merci vraiment à cet artiste d'avoir partagé avec nous sa passion et son talent, et d'avoir créé une atmosphère magique et envoûtante".
Il importe de mentionner également que le point fort de Zied Gharsa, c'est qu'il a appris par cœur un nombre conséquent de morceaux faisant partie du patrimoine culturel du chant : la musique de tiroir, les foundous. Depuis son enfance, cet artiste baigne dans la musique au côté, entre autres, de son père Tahar Gharsa. Avec lui, il a même appris à jouer à l'Harmonium : un instrument donnant une teinte ancienne aux morceaux joués. Preuve que l'art peut s'hériter, mais pas toujours. Sur la scène de ce théâtre romain, cet artiste de talent a été avec 34 musiciens.
De surcroit, Gharsa incarne plus que jamais la culture tunisienne raffinée dans ce qu'elle a de plus pausé et de plus accompli. C'est une musique que ce chanteur très sensible comme un bébé a réussi à véhiculer grâce à sa patience et sa production constante de morceaux qui demeureront dans la mémoire collective de nos concitoyens, à l'instar de Trahwija, Migyess, El braken, Alech thayar fiya, Hobek Kam meyarou et de plusieurs autres tboua et pièces. Bref, c'est un chanteur fort imprégné de la culture de notre pays et dont l'art attire les différentes classes sociales ainsi que tous les ages. Dommage qu'il n'a pas chanté Souda gatala ya moulat el ain.
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