Noomen Hamda et Souhir Ben Amara dans la pièce "Chute libre" pointent la montée de l'insignifiance
- Mohamed Ali Elhaou
- 2 oct.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 nov.
Les habitués de la manifestation "Sortie au théâtre" se sont déplacés en grand nombre pour assister, hier, à l'avant-dernier spectacle de cette 6ᵉ édition.
À vrai dire, "Chute libre" est une pièce touchant à la grandeur du 4ᵉ art. Cette œuvre qui a été présentée ce 1er octobre en avant-première est une production de l'entreprise artistique Entracte dans laquelle jouent deux comédiens de grande qualité, à savoir Souhir Ben Amara et Noomen Hamda.
Justement, la qualité de ces deux comédiens réside tout d'abord dans leur riche expérience artistique. Ils sont en effet dans ce métier au moins depuis 25 ans. Ce qui fait que leur prestation dégage une maturité assez saillante dans le texte de la pièce ainsi que dans l'occupation de l'espace de la scène.

Deuxièmement, les deux artistes ont une ample capacité à véhiculer des sentiments et des émotions à leur public. Leur performance artistique est très puissante à la fois au niveau du jeu mais aussi au niveau de l'appropriation de leur partition et également au niveau de l'intonation de la voix dans laquelle il y a une profonde sincérité artistique et bel et bien la maîtrise incontestable des ficelles du métier de comédien.
Durant une heure et 20 minutes, la pièce "Chute libre" met en scène deux principaux personnages qui agissent sur un plateau de télévision.
Au niveau de la scénographie, la pièce est à la fois simple et très moderne. Il y a tout autant des effets visuels que sonores. Son point fort, c'est la magnifique qualité du son et une alternance entre monologue enregistré et monologue débité sur le tas.
L'intrigue de la pièce se déroule donc lors d'une émission de télévision. Celle-ci n'est pas en mode direct. Elle est un dialogue entre une animatrice et un artiste. Ce dialogue artificiel passe progressivement dans la profondeur de chacun d'eux : ses contradictions, ses frustrations, ses rêves brisés, les personnes chères qui l'on quittées, sa lassitude et ses faiblesses psychologiques et ses inadaptations à un monde dans lequel l'insignifiance devient la norme.
Cet échange entre les deux protagonistes ouvre ainsi la place à un récit de vie de souffrance, de malaise, chose que le spectateur voit souvent dans le théâtre tunisien. Celui-ci tente, dans sa majorité, du moins a la prétention de changer une mentalité dominante fondée sur l’égoïsme et la froideur de plus en plus marquée des relations sociales contemporaines.
La pièce se fonde également sur une théorie, que le spectateur a vu à plusieurs reprises, notamment dans le théâtre de Fadhel Jaibi, qui consiste à présenter les acteurs agissant comme des monstres sociaux déchaînés sur scène.
Dans cette même lignée, "Chute libre" montre à certains moments de la représentation des individus qui deviennent des monstres sociaux sous l'effet de la pression de la vie quotidienne et de son stress. N'est-il pas temps de présenter autre chose, pour ne pas nourrir un cercle-vicieux au niveau de la création ?
En outre, le fait de commencer la pièce par la critique des médias, du journalisme et des plateaux de télévision est très facile artistiquement, car ce monde est toujours disponible et visible dans les sociétés actuelles. Faut-il rappeler que plusieurs spectacles mobilisent ce registre ?
Pièce impressionnante par la qualité de la performance des deux artistes bien plus que par le sujet traité en lui-même, et à recommander particulièrement pour les futurs scénographes, ceux qui veulent faire du théâtre leur profession et les amateurs du psychodrame.









































Magnifique article, simple, dit tout, il y a une poésie dans ton écriture Dali
Article court, mais dit tout de cette pièce, bravo !