Mouez, chanteur d'origine tunisienne investissant dans la beauté lyrique de la musique italienne

Culturetunisie.com demeure sur cet axe culturel diasporique et vous fait découvrir un chanteur qui est en train de faire ses premiers pas en Italie. Il s'appelle Mouez. Il est d'origine tunisienne. Sa voix est imbibée de l'italianité que l'on aime avec laquelle toute une génération dans notre pays a grandi et ouvert les yeux sur une autre culture méditerranéenne, notamment dans les années 70, 80 et même jusqu'au milieu des années 90.

Mouez est le cousin du chanteur populaire Cheb Slim. C'est un auteur-compositeur-interprète italo-tunisien, né à Mazara del Vallo le 23 octobre 1989. Depuis son enfance, il a toujours porté en lui la passion de la musique : à seulement 4 ans, il comprit qu’il voulait en faire son métier. À l’âge de 15 ans, il commença à écrire ses propres textes, qu’il gardait pour lui. En 2009, il débuta l’étude de la guitare et de la musique.

Mouez en studio, mars 2025. Crédit photo : Mouez

Au fil des années, il n’a jamais abandonné son rêve de devenir chanteur. En 2023, lors d’un concert du fameux groupe italien Modà, son groupe de prédilection, il écrivit une chanson intitulée Sei per me, dédiée à son ex-femme. Le 21 septembre 2023, il participa au Tour Music Fest et atteignit la demi-finale.

En janvier 2024, il fut sélectionné par le producteur Mimmo Paganelli dans un concours, où il interpréta un morceau inédit et remporta le prix de la critique à l’Italian Theatres Contest. Depuis, il s’est produit dans divers événements, notamment au Festival Internazionale Voci dal Mediterraneo, où il a été primé à Pantelleria avec Tu sei importante pour le meilleur texte.

La musique comme échappatoire

Mouez a toujours aimé faire de la musique, en particulier à cause d’une enfance difficile et de la perte de son frère. La douleur et le manque familial l’ont poussé à trouver dans les mélodies une consolation, une distraction et surtout un refuge où exprimer ses émotions, ses douleurs mais en même temps les moments d'amour, de bonheur qu'il aime bien exprimer.

Mouez considère l'art musical comme universel, dépassant les langues et les frontières. Ceci n'est pas une simple banalité, lui qui porte dans sa personnalité deux mondes le plus souvent en conflit, voire polarisés. "La musique est la voix de tous, elle parle des histoires communes et personnelles, des émotions, de l’amour et de l’espoir. Elle représente un patrimoine partagé pour l’humanité entière", dit-il.

Tra le mie braccia, morceau fin 2024

Cela fait donc quatre ans qu’il exerce sa passion du chant et de l'interprétation en tant que professionnel. Pour lui, le monde de la musique n’est pas un simple hobby, mais une thérapie, un espoir et c'est presque "un enfant chéri", affirme-t-il.

La plupart de ses morceaux sont des compositions originales, écrites par lui et travaillées avec son ami et producteur Peppe Denaro. Les reprises d'autres morceaux sont ainsi rares.

Ce qui lui tient à cœur, c’est de faire connaître sa propre musique, car il a beaucoup à raconter et à dire. Il croit au pouvoir de la musique pour atteindre la catharsis et aider également les autres à avoir une vision poétique dans un monde de plus en plus matérialiste et sans pitié.

Parmi les références de Mouez se trouve, en outre, la grande cantatrice italienne Laura Pausini, dont il dit : "enfant, j'écoutais ses chansons en voiture avec mon oncle. Les morceaux de Laura Pausini ont bel et bien marqué mon enfance et demeurent encore aujourd’hui une référence importante dans mon parcours musical et personnel."

Mouez se reconnaît surtout dans la pop italienne et le pop rock, qui représentent le centre de son univers artistique. Il se montre cependant critique envers l’utilisation excessive de l’Auto-Tune, qu’il considère comme un appauvrissement de la chanson et de la mélodie de manière générale.

Il croit que la musique italienne a encore un potentiel important sur la scène mondiale et il y met toute son énergie. Toutefois, estime-t-il, la musique d’autrefois "avait un autre charme, plus authentique". Il se dit plus proche de la musique classique moderne et de la “vraie” musique, "celle qui laisse une empreinte émotionnelle durable, par opposition à certaines productions électroniques ou basées sur l’intelligence artificielle qui retiennent rarement les esprits des auditeurs", a-t-il ajouté.

D'ailleurs, à signaler, en ce qui concerne ce point justement, que c'est regrettable que les radios tunisiennes passent désormais très peu de nouvelles chansons italiennes. Cela peut s'expliquer en grande partie par le fait que la radio RTCI, qui fut jadis célèbre, une plateforme importante, notamment auprès des jeunes, a perdu de son aura depuis maintenant deux décennies au moins.

En Italie, signale Mouez, "entre chanteurs et musiciens la concurrence est rude et implique de travailler sans relâche pour réussir, faire énormément de sacrifices, notamment sur le plan familial, et investir également sur le plan économique".

Le champ musical globalement ne fonctionne plus dans cette perspective avec la logique de l'album, mais bien plutôt avec celle du single. Conscient de cet aspect, Mouez mise, comme tous les nouveaux chanteurs, sur les singles qu'il met en avant sur les différentes plateformes musicales disponibles.

À ce jour, il compte dix titres publiés. Son objectif est de sortir un premier album dans un délai d’un à deux ans.

Mohamed Ali Elhaou