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L'artiste peintre Baya Mahieddine : un destin féminin d'exception

Mustapha Amrani

Baya Mahieddine, de son vrai nom Fatma Haddad, est née en 1931 à Bordj-el-Kifan, un lieu dans les environs d'Alger.


Elle est devenue artiste peintre grâce à une vie de femme caractérisée par des rencontres inattendues et des soubresauts de destin. Orpheline à cinq ans, elle est prise en charge par une famille française durant la Deuxième Guerre mondiale. 


L'âge de 11 ans, elle commence à dessiner et à peindre, puis s'inspire ensuite de son imagination d'enfant. Dès lors, elle réalise un de ses tableaux à succès : une femme aux yeux de biche portant une robe somptueuse et entourée d'oiseaux fabuleux, de fleurs et de plantes dans un univers merveilleux. La talentueuse Baya réalisa ensuite en 1948 des terres cuites à Vallauris. Désormais, son travail atteint la reconnaissance internationale.

De son vrai nom Fatma Haddad, Baya Mahieddine est née en 1931 à Bordj-el-Kifan, aux environs d'Alger. Elle a eu un destin hors norme, une vie de femme entrecoupée de rencontres surprenantes et de ruptures successives, à travers lesquelles elle devient artiste peintre. Orpheline à l'âge de cinq ans, elle est adoptée par une famille française pendant la guerre de 40
Baya Mahieddine jettant un dernier coup d'oeil sur son travail, @floraviva.it

Vite remarquée et adoptée par le milieu surréaliste, Baya séduit par son inspiration quelque peu naïve. Sa méthode est simple, intuitive. Autrement dit, la peintre algérienne ne s’encombre pas des conformismes artistiques en vigueur de l'époque et ose afficher des références culturelles liées à des perspectives de Sud. Baya peint de façon moderne des femmes fleurs, des reines oiseaux, des princesses. Son art spontané aux couleurs vives et saturées trouble les artistes de son époque. Ils y trouvent une forme de réponse, une résonance à leur recherche picturale. Son génie amène Senac à écrire des poèmes sur elle.


C’est à l’âge de 11 ans qu’elle se mit à dessiner et à peindre, puisant dans son imagination d’enfant son inspiration. Elle créa un univers merveilleux au centre duquel on trouvait une femme aux yeux de biche portant une robe somptueuse et entourée d’oiseaux fabuleux, de fleurs et de plantes. Elle réalisa en 1948 des terres cuites à Vallauris qui charmèrent Picasso lui-même.
Femme aux yeux de biche portant une robe somptueuse et entourée d’oiseaux fabuleux, Image de tableau publiée par Mustapha Amrani

Le mariage freine ses ambitions professionnelles


Elle se marie en 1953 avec le chanteur-compositeur El-Hadj Mahieddine El-Mahfoud. De ce mariage, elle va devenir mère de six enfants. Elle vivra dès lors à Blida. Par la responsabilité quotidienne, elle vaque à sa passion. Elle est plongée dans l'existence de mère et de femme au foyer. De ce fait, plus de place pour la peinture dix années durant.


À la mort de son mari, sa frénésie de création n’a plus d'entrave. Elle exposa ses œuvres en 1963 au Musée National des Beaux-Arts à Alger et participa l’année suivante à l’exposition des peintres algériens au Musée des Arts Décoratifs à Paris.


En 1966, ses œuvres sont présentées à Alger (préface de Jean Maisonseul et Jean Sénac), ainsi que dans d'autres villes d'Algérie (Tizi-Ouzou en 1977, Annaba en 1978), en France (au Musée Cantini de Marseille en 1982, à Paris en 1984 et 1991). Elle participe à de nombreuses expositions collectives en Algérie, au Maghreb, en Europe, à Cuba et au Japon.

Peintures hors cadre


Les thèmes de la peinture de Baya se déclinent sur des matériaux comme les tissus traditionnels, les tapis, les céramiques. Elles prennent des formes variées à l'instar de : poissons, fruits, papillons, oiseaux, fleurs, instruments de musique, etc. Il est très facile d'identifier un tableau de Baya dans la mesure où ses œuvres abolissent les frontières entre l'homme et la bête. La culture et la nature. D’elle, Tahar Djaout, romancier et journaliste algérien, dit : « Baya est la sœur de Schéhérazade. Schéhérazade, la tisserande des mots qui éloignent la mort. Schéhérazade, cette autre femme qui fabule pour compenser sa réclusion. Nous voici donc dans le conte, avec ses univers merveilleux (titre d’une œuvre de 1968). Baya abroge les formes, les classifications et les dimensions : l’oiseau s’étire et devient serpent, arbres et cahutes poussent de guingois, les vases se ramifient, deviennent arborescents comme des queues ou des huppes d’oiseaux. Dans cette sorte de village des origines où cases, arbres et oiseaux sont emmêlés, les paysages et objets baignent dans l’informulé et la liberté du monde placentaire. Aucun centre de gravité n’est admis. Tout l’effort de l’artiste est tendu vers la recherche d’une sorte d’harmonie prénatale que la découverte du monde normé, balisé, anguleux nous a fait perdre ». (Tahar Djaout, "Shéhérazade aux oiseaux", in Algérie-Actualité no 1146, Alger, 1ᵉʳ -7 octobre 1987)


Baya meurt dans la nuit du dimanche à lundi 11 novembre 1998 à Blida suite à une longue maladie à l'âge de 68 ans. Depuis, elle est l'une des ambassadrices les plus vénérées de l'art maghrébin.

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