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  • Mohamed Ali Elhaou

Gilgamesh d’Ali Ennaceur : un demi-dieu en quête d’amour et terrassé par l’avidité du pouvoir

Hier 10 février 2024, dans le cadre des Journées des Arts de la Marionnette de Carthage (JAMC) les différents publics avaient rendez-vous avec la pièce de théâtre Gilgamesh. Sur scène, une actrice Takoua Frithi et quatre acteurs à savoir Mohamed Kmira, Firas Mosbahi, Ranim Ben Brahim et Ahmed Zouaghi étaient sous la direction d’Ali Ennaceur. Ces acteurs sont le fruit de l’enseignement de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Tunis (ISAD).


Crédit photo ©Dorsaf Bedoui


D’un point de vue général, l’avantage de ces journées est qu’elles drainent un grand nombre de spectateurs. Il faut dire que l’affluence était constante tout au long de cette manifestation culturelle très originale. Elle a été une grande occasion de décoration de la Cité de la culture par des marionnettes géantes, de débats, d’échanges et de représentations entre différents artistes européens et africains. Cet événement, dont la 5ᵉ édition vient de s’achever, s’est donc tenu entre le 3 et le 10 février 2024 et avait comporté plusieurs ateliers de formation pour les différents férus de cet art en herbe dans notre pays. Aussi, plusieurs lieux ont abrité les spectacles, à savoir la Cité de la culture, Dar Al Masrahi au Bardo, le 4ᵉ Art situé à l'avenue de Paris, le Palais du théâtre à Halfaouine et dans les centres d’art dramatiques de Kairouan, de Siliana, de Jendouba, de l’Ariana et de Gammarth (bien évidemment une banlieue de Tunis).



Sept photos du spectacle du 10 février à la cité de la culture

Crédit photos ©Mohamed Ali Elhaou


Gilgamesh tel qu’imaginé par Ali Ennaceur 


Pour celle ou celui qui ne connait pas l’histoire de la pièce, le nom intrigue déjà, voire excite et suscite en effet la curiosité et par la suite le déplacement pour voir de quoi il s’agit exactement. Maintenant, au vu de la pièce, on constate que celle-ci redonne vie à plusieurs personnages mythiques de l’histoire du Proche-Orient : Ishtar, Enkidu, Innana le père d'Ishtar, des dieux, le sérail et un taureau céleste.   Le héros de cette pièce, bien assurément, n’est autre que Gilgamesh ; lequel est une figure légendaire de l’ancienne mythologie mésopotamienne, l’actuel Jordanie, Palestine, Irak et Syrie. Gilgamesh est un demi-dieu. Il est l’un des plus anciens héros connus de la littérature. Il est le personnage principal de l’Épopée de Gilgamesh, un poème épique de l’ancienne Mésopotamie. Cette épopée est souvent considérée comme la plus ancienne grande œuvre littéraire qui nous soit parvenue.


Gilgamesh était le roi de la cité-État sumérienne d’Uruk. Celle-ci est située aujourd’hui dans un lieu désertique dans le sud de l’Irak. Ce demi-dieu aurait régné vers 2700 av. J.-C. Son règne a duré, selon certaines sources, 126 ans.  Selon l’épopée, Gilgamesh était un roi puissant avec une force physique impressionnante et surhumaine. En même temps, il est arrogant, persévérant et tyrannique. Il a un faible pour les femmes et une relation très complexe avec la reine Ishtar : tombée sous son charme après avoir vu ses prouesses dans la prospérité d'Uruk, mais aussi ses déboires. Cependant, après avoir rencontré Enkidu, un homme sauvage créé par les dieux pour défier la tyrannie de Gilgamesh, Gilgamesh subit une transformation. Les deux deviennent amis proches et se lancent dans diverses aventures ensemble, y compris la célèbre quête pour vaincre le monstre Humbaba et le voyage à la recherche de l’immortalité. L’épopée de Gilgamesh explore des thèmes tels que la nature de l’amitié, la peur de la mort et la quête de l’immortalité, la recherche d’un sens et d’un but dans la vie et les limites de l’accomplissement humain. Aussi et surtout, la résistance.


La version d’Ali Ennaceur met en relief l’amour


En donnant une place importante à Ishtar, Ali Ennaceur met l’accent sur les turpitudes de l’amour. C’est un amour suffocant à l’intérieur de multiples luttes pour la quête du pouvoir, du bonheur et de l’éternité. Les personnages de la pièce d’Ali Ennaceur jouent avec les limites, sont excités et sont en colère, car leurs désirs sont souvent contrés et contrariés par les limites que leur offre leur environnement. Ainsi, ni l’amitié ni l’amour ne résistent au temps et à ce qu’il cache comme bonnes, mais plus particulièrement de mauvaises surprises. Gilgamesh en perdant son ami et en n’arrivant pas à être satisfait par l’amour fini dans un état hystérique et en solitude. C’est de cette façon qu’Ali Ennaceur envisage cette pièce. Les acteurs sur scène, qui faisaient bouger les marionnettes, débordaient d’énergie et d’enthousiasme. Un bon nombre du public a été tenu en haleine jusqu’à la dernière minute. Par cette troisième représentation de la pièce, Ali Ennaceur a voulu rendre hommage au jeune acteur Adel Darouich, pilier de la pièce, éloigné par la maladie et qui a été remplacé par Ranim Ben Brahem.


Il importe de mentionner que la pièce nécessite de gros moyens et mérite aussi une imagination de deux scénographiques pour séparer le jeu des marionnettes de petites tailles avec les marionnettes de grandes tailles. Aussi, elle demande une vérification permanente de la qualité du son, notamment en ce qui concerne la bande son de la pièce pour qu’elle ne lâche pas les comédiens sur scène au moment fatidique, comme ce fut le cas hier. Ce petit incident n’enlève rien à la qualité du spectacle plein d’imagination et de substances intellectuelle et historique. Son point fort, c’est l’ouverture sur l’histoire ancienne, la généalogie de l’homme et sur la culture du Proche-Orient. Cette dernière fut à l’époque le cœur battant du monde avant même que les religions monothéistes ne deviennent la norme absolue.     

Mohamed Ali Elhaou

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