Solo, Itinéris, à El Teatro : déambulation dans une existence en perte du nord
Le 4 mars 2025, à l'espace El Teatro, vers 21 heure, après la rupture du jeûne, au quatrième jour du Ramadan, un public féru du 4ᵉ art s'est déplacé pour voir le solo Itinéris, performance avec le danseur et chorégraphe, à calibre international, Marwen Errouine. La dramaturgie de ce solo est l'œuvre de Myriam Soufy. Ce solo a duré 35 minutes, voire un peu plus. Il raconte, avec des registres artistiques différents, l'itinérance, la perdition et la déambulation de l'artiste dans une société marquée par un rythme effréné vers son abime. Itinéris, c'est une performance sur la recherche de soi, du sens à son existence et de la place de l'artiste dans des logiques de spectacle misant sur les arènes consommables et facilement digérables, à l'image de celles du football.

Les registres artistiques de la pièce sont premièrement une musique prenant le son de la vie quotidienne avec ses bruits, ses klaxons, ses cris et ses absurdités. Mais le plus touchant dans cette représentation, c'est la voix de la mère de Marwen, qui l'urge de descendre du toit de la maison, car la porte menant vers la terrasse (lieu cher de l'artiste), quand elle demeure ouverte, lui fait du courant d'air à l'intérieur du domicile.
À côté de quelques morceaux de souvenir de l'artiste lui-même, ce solo comporte le registre de la danse sur une musique à la fois électronique et hermétique. À ce moment-là, Marwen fait une performance avec des mouvements corporels en symbiose, circulaire et en même temps pas complétement libres, crispés disons.
Aussi, ce solo mobilise la théâtralisation, avec une scénographie minimaliste comportant une corde à linge avec plusieurs pinces sur laquelle se trouve le costume de Marwen. Le solo mobilise donc ce costume, comme un personnage à part entière. En ce sens, des tableaux de mouvements sont exprimés avec la chemise, les pinces et la corde. Ces gestes sont mis en relief à travers une lumière latérale propre au spectacle de danse.
Petit extrait de ce Solo ©culturetunisie.com
Le volet le plus intéressant de cette performance est ce regard critique porté sur une vie dans laquelle le football devient l'opium contemporain des peuples. Les sociétés sont ainsi de plus en plus emportées par ce sport qui devient l'idéologie moderne de la ruse et la culture du gain dans le souci de l'écrasement et de l'humiliation de l'autre. Un sport marquant la culture du plus fort et qui dénigre l'échec et la faiblesse. C'est un sport dans lequel les faibles encouragent les forts à gagner plus et ne savent pas que leur vie est complétement perdue. Dans cette perspective, le sifflet à une place prépondérante, le comédien sur scène l'utilise pour vouloir finir cette partie insignifiante et reprendre la trajectoire juste, mais en vain. C'est ce message sur la nécessité de reprendre conscience, et bien d'autres, que ce solo véhicule. Il sera reproduit le 11 mars au même endroit et à la même heure.
merci pour cet article court et très intéressant, à l'image du spectacle que vous décrivez. Bravo!