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Waley Eddine Messaoudi

«Douleur et gloire» de Pedro Almodovar: son œuvre la plus intime

Avec ces braises froides de l'été 2019, le goût de l'ambiance de la fiction revient et l'envie de profiter des films titille bon nombre d'entre nous. Ainsi, le film espagnol intitulé « Douleur et gloire » mis en scène par Pedro Almodóvar et interprété par Antonio Banderas et Penélope Cruz est actuellement projeté au Cinéma Pathé de Tunis et dans bien d'autres salles dans la capitale ou ses banlieues proches.


©Création de Mohamed Ali Elhaou

L’histoire de ce film tant attendu par le réalisateur de « Talons aiguilles » et « Attache-moi » est celle de Salvador Mallo un réalisateur qui a connu le succès, mais qui ne réalise plus de films à cause de nombreuses douleurs physiques dont il souffre. Il retrouve par hasard Alberto Crespo, un acteur avec qui il s'est fâché trente ans auparavant, et se remémore alors son enfance avec sa mère à Paterna. Il médite aussi sur ses premières amours, les suivantes, sa mère, mais aussi la mort, les acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent… en résulte une impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.


Le réalisateur se met en scène


Une question vient à l’esprit du spectateur durant la projection du film : le cinéaste dépressif et hypocondriaque de «Douleur et gloire» est-il le double d'Almodovar ? Un peu sans doute, beaucoup pour certains aspects, pas du tout pour d’autres (bien que la superbe affiche rouge vif prétende le contraire tout en rendant hommage à Alfred Hitchcock et au cinéma hollywoodien). Qu'importe, en définitive, puisque l'on sait que le film est l'un des plus personnels de son auteur et qu'il lui ressemble dans sa vision du passé et de l'avenir, celle d'un homme qui aura 70 ans en septembre prochain. Pedro Almodóvar est à un moment de sa vie où l'on fait le bilan. Où la mélancolie est souvent présente, se mariant parfois avec une sorte de sérénité et de douceur, autant de sentiments que l'on retrouve au plus profond dans son dernier film. Un film qui n’a rien d’exceptionnel en soi et qui est même plutôt banal or la magie va opérer crescendo au rythme d'une émotion retrouvée alors que les flashbacks s'enchaînent.


La séduction est moins évidente que dans certains de ses autres films, peut-être parce que le personnage principal est cette fois-ci un homme et que rien ne pourra égaler ses portraits de femmes même si ces dernières jouent un rôle prépondérant dans «Douleur et Gloire» (mention spéciale à Penélope Cruz).


Le maître espagnol s'est fait plus sobre, mais sa patte n'est pas absente dans ce film, entre couleur (les décors) et noir (comme les humeurs de son héros). Antonio Banderas pour sa part interprète son rôle avec une économie de moyens qui confine au génie, ce qui lui a valu à juste titre le Prix d’interprétation masculine à Cannes. Un chef-d'œuvre dont on ne se lasse pas... à voir sans modération !

Waley Eddine Messaoudi









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