Lotfi Abdelli : "gérer son temps est un art"
De la scène au comptoir! C’est de cette façon que Lotfi Abdelli choisit de profiter de son temps libre hors du théâtre et du domaine de la culture professionnelle. C’est en l’occurrence un artiste qui tente de profiter de chaque moment de la vie, en rendant son temps utile et en donnant à chaque détail ce qu’il mérite.
Connu par son humour, sa spontanéité et son sourire, Abdelli est un acteur qui a su trouver sa place depuis la fin des années 90 au milieu des grands et anciens comédiens tels que Fathi Haddaoui, Mustapha Adouani, Hichem Rostom etc. Au fil du temps, il a su séduire le magistral réalisateur Nouri Bouzid qu’il a fait joué dans plusieurs de ses films dont le fameux long métrage prémonitoire du terrorisme Making of. Avec son stand-up Made in Tunisia dans lequel il critique et analyse la société tunisienne avec humour, il a gagné progressivement la sympathie du grand public.
Comme tous les acteurs et personnages publics lors de ses déclarations dans les médias, Abdelli est souvent l’objet de critique voire de dénigrement. Le défunt homme de théâtre le vénérable Moncef Souissi a accusé maintes fois Abdelli comme quelqu’un qui n’a pas « l'éthique d’un acteur professionnel » ou encore comme quelqu’un qui a « rabaissé le goût général ».
Ces critiques sont souvent prises par l’acteur comme faisant partie du domaine de la culture et de l’art où chacun défend son projet artistique quel que soit le moyen, en essayant de raffermir ses choix créatifs et son positionnement dans la filière.
La rencontre avec Abdelli dans son nouveau café « Little Sarrajine »
Ce n’était pas facile de rencontrer l’acteur ni de prendre un rendez vous avec lui, vu qu’il est préoccupé par son nouveau café artistique qu’il a ouvert au cœur de la Medina (la ville traditionnelle) de Tunis: Little Sarrajine Café. Adel Hfidhi et moi-même nous étions le voir à trois reprises pour enfin avoir la possibilité de discuter avec lui. Cette difficulté a été accentuée par le fait que l’acteur ni son manager ne répondaient au téléphone. Abdelli n’était pas vraiment content de nous voir au tout début. Par la suite, quand il a su que nous étions journalistes, il était un peu strict. Sincèrement, nous n’avions pas vu de modestie chez lui ; contrairement à ce que disent ses fans.
Lorsque nous sommes partis le voir pour le reportage, un certain lundi 16 octobre 2017, il avait complètement oublié qu’il nous avait donné un rendez-vous deux jours avant. Il a opté pour un coin qui se trouve presque en pleine rue, il était pressé et voulait vite en finir avec nous. Mon collègue Adel et moi-même, avions, en revanche, un sang froid. Nous aimons notre métier de journaliste culturel. Ainsi, nous étions très patients avec le sourire au visage. Vers la fin de l’entretien, nous avons filmé notre échange et pris quelques photos ensemble avec l'artiste.
Rencontre avec le comédien Lotfi Abdelli dans son café le 16 octobre 2017
Comme expérience, le fait d’aller sur terrain à la rencontre d’un acteur de calibre est très enrichissant. Pour l’anecdote, tout le monde nous observait tenant la caméra et le trépied « comme si nous commettions un crime » ; ce qui était très déstabilisant. Aussi, cette rencontre nous a permis de découvrir les petites ruelles de notre architecture ancestrale du côté de la place de Kasba. A ce titre, nous avons profité de l’occasion pour photographier des scènes pour l’alimentation de notre interview.
Au final, un acteur ou un artiste est avant tout une personne ordinaire comme tout le monde, sauf qu’il a deux vies différentes et qu'il est très sollicité pour être sous les projecteurs; ce qui le rend redevable à la société.
Feriel Lahouegue et Adel Hfidhi