- Mohamed Ali Elhaou
Pièce de théâtre Confessions de Raihana Abbes: l’amour est fait pour des fortes âmes pardonnantes
Hier 4 juin 2024, les amateurs du théâtre avaient rendez-vous à la salle du quatrième art à l’avenue de Paris de la capitale Tunis aux premiers pas de la pièce Confessions de la jeune metteuse en scène Raihana Abbes. C’est en effet une interprétation de la pièce française Petits Crimes conjugaux du grand écrivain et philosophe d’Éric-Emmanuel Schmitt. L’œuvre originale a été publiée en 2003. Depuis, elle a été jouée mondialement et plus récemment par une troupe théâtrale syrienne en mai 2023.
Dans cette perspective, il n’y a pas réellement une très grande recherche sur la scénographie dans la mesure où il y a une reproduction de l’œuvre originale. Celle-ci comporte une bibliothèque, un bureau sur lequel est déversé en désordre une quantité de livres abandonnés, deux peintures, un canapé sans mousse et une sculpture du haut d’un corps humain.
De ce fait, le public était en face d’un décor minimaliste qui renvoie vers un espace intérieur et intime. Dans cette pièce, ayant su attirer les médias de masse, notamment la télévision, jouent deux comédiens talentueux, à savoir l’élégante et charmante Afef Rabhi et le très intelligent comédien Mohamed Bouzid. La pièce est une production du Ministère des Affaires Culturelles en collaboration avec le centre culturel Mdag El Halfah et la société de production Nessosar pour la production et la diffusion du théâtre (le nom original est en arabe). Elle dure une heure.
L’adaptation de Raihana Abbes
En vérité, la metteuse en scène n’apporte pas un regard féministe, genre Me Too, qui est en ce moment très à la mode, plus particulièrement dans le monde de l’art dramatique. Elle est bien plus dans la nuance. Raihana Abbes met en scène une femme alcoolique ayant maille à partir d’un mari qui se prend pour un grand philosophe et écrivain, mais qui en réalité a perdu tout sens pratique ; d’ailleurs dans la pièce Adam est en perte de mémoire ; ce n’est concrètement qu’un prétexte pour mettre en avant la perte du sens du vivre-ensemble d’un jeune couple qui a à peine la quarantaine. Meriem, c'est une femme tunisienne jolie et ayant tous les moyens pour réussir socialement, mais qui en fait souffre de la routine de la vie conjugale. Cette routine, cette guigne, selon la metteuse en scène, dure 11 ans, et pas 15 comme dans la pièce originale. Meriem, la protagoniste, n’en veut plus d’Adam, car celui-ci, vis plus dans ses théories que dans le moment présent, et surtout ne remplissant pas ses objectifs de mari idéal. En l’occurrence, cette souffrance chez elle, c’est parce que leur couple n’a pas réussi à avoir un enfant, être qui pourrait remplir leur quotidien lugubre.
Après plus d’une décennie de vie commune, elle sombre dans l’alcoolisme et la dépression. Elle cache ses bouteilles d’alcool derrière les livres de son conjoint. Un jour, le couple se dispute, Meriem frappe Adam à la tête avec une bouteille. Ce dernier tombe dans le coma pendant 15 jours et devient amnésique. Adam ne trouve plus la sécurité dans sa propre maison. En ce sens, la pièce met en lumière cette fois-ci la violence faite aux hommes et au quotidien, essentiellement dans leur foyer conjugal : un sujet pas vraiment à la mode et tabou. Raihana Abbes dans cette perspective, aborde un mal indicible dans les foyers conjugaux dans les sociétés arabes supposées être patriarcales ; selon la doxa, plus que les autres.
Malgré le quiproquo, les accidents, la mésentente, Meriem et Adam décident de continuer ensemble. La fin de la pièce n’est pas claire, on ne sait pas si le couple se réconcilie ou bien s’il se sépare pour de bon. C’est l’incertitude qui reste dans la tête du spectateur. Cette incertitude est entre autres le signe de l’éclatement de la famille dont chaque membre se prend désormais pour victime et où la solution semble perdue à jamais.
La musique rythme Confessions et apaise
Le temps est très présent dans la pièce. Les personnages regardent souvent l’heure et sont toujours en posture d'attente et d’anxiété. En dehors de ces moments de tension, il y a des moments de silence, de mimes, d’harmonie avec l’espace. Dans ce couple composé par Meriem et Adam, et avec le passage du temps, il est fréquemment dit : « l’épouse est la conscience de son époux ». Dans cette œuvre, il y a un contraste entre moments d’anxiété, de colère et des moments de silence comportant des jeux et ensuite d’apaisements via lesquels émerge une musique. Cette mélodie est un mélange entre saxophone, piano et violoncelle produite par Saif Eddin Agili. Cette musique est un exutoire de cet espace intérieur devenant en réalité un lieu d’enfermement. Dans ce lieu, Meriem, quand elle parle, elle veut toujours que son mari lui regarde dans les yeux. Ce dernier est tellement chargé par une vie qui lui demande beaucoup que sa propre capacité qu’il n’arrive plus à suivre une relation toxique où le pardon est quasi impossible. Sans aller encore dans d’autres détails, la pièce Confessions montre comment le bonheur conjugal de départ devient l’enfer sur terre. L’amour, dans cette perspective, n’est pas fait pour les âmes sensibles et faibles. Pièce dont il est possible de la revoir lors de cet été 2024.
المقال حلو برشا موضوعي فاهم شنوة قاعد تحكي مقارنة برشا كتبو مع احتراماتي ليهم و لمجهودهم تحلل في العرض بجميع متمماته في الشخصيات و اللعب متاع الممثلين في السينوغرافيا و الموسيقى و الآلات الي تعزفت بيهم و الضو و أوقات الانتظار و الوقت الي قاعد يتعدى على الشخصيات و التفاصيل الصغيرة الي موجودة. مرسي
Merci pour cet article décrivant en détails la pièce. Une très bonne compréhension des intentions de Raihana Abbes