Bizerte, une ville méditerranéenne par excellence (1ʳᵉ partie)
Le cœur de Bizerte est entouré d'eau. La ville se caractérise par une médina enserrée dans de hauts remparts. Les ruelles de cet ancien quartier sont peintes en blanc et bleu. Elles avoisinent le petit port de pêche sur lequel s'installent sur la rive droite cafés, restaurants, vendeurs déambulant et terrasses splendides et populaires, surtout durant la période de l'été. Un peu plus loin, à l'entrée de la ville, son grand port commercial grouillant d’embarcations géantes, provenant principalement du sud de l'Europe. Le visiteur de ce lieu, de beau matin, remarque tout de suite le bruit de la machinerie et des conteneurs. Bizerte est la ville des ouvriers, des pêcheurs, des retraités et d'une jeunesse cosmopolite. Aussi, ses nouveaux quartiers à l’architecture européanisée se conjuguent avec les petites maisons modestes, sublimes et de différentes couleurs les unes que les autres. Dès les premiers pas dans cette ville, on sent l'ouverture sur la méditerranée et sur l'autre.
La population de cette ville est plurielle sociologiquement et ethniquement. Ces gens se réveillent tôt pour le commerce et les jeux de l'échange, mais aussi aiment bien faire la fête le soir. En l'occurrence, c'est une population très soucieuse de son petit confort quotidien : le calme, le plaisir dans les cafés, les bars et la bonne cuisine avec le plus souvent des poissons frais et bon marché. Ainsi, Bizerte est un des joyaux de la Tunisie, elle prend beaucoup de la ville de Marseille en France, notamment dans son style avec lequel le port touristique accueille à bras ouverts les voyageurs provenant de la mer méditerranéenne. Installé sur le canal le reliant à la mer, ce port en arc de cercle donne directement sur les remparts de la médina. Des deux cotés des entrées, on peut admirer la kasba (ancienne forteresse du 17ᵉ siècle) c'est-à-dire le lieu du pouvoir régional à l'époque des Husseinites (Dynastie turque).
Bizerte ne deviendra une ville avec le sens moderne du mot qu’avec l’arrivée des Français de manière progressive et franche à partir du début du 19ᵉ siècle. Je la surnomme donc la petite Marseille, car elle prend beaucoup de cette grande ville du sud de l'Hexagone. Bizerte est bel et bien un lieu de mémoire méditerranéen, car c’est un espace géographique, par sa disposition naturelle même. La ville est charmante, accueillante, ouverte sur le monde méditerranéen via les habitants qui se sont succédés sur cette terre venant d’Espagne, de Turquie, de France, d’Italie, d’Athènes, de Russie, de Malte, etc. La ville portuaire est située au pied du cap Blanc à l’extrême nord-est et constitue le port le plus septentrional de l’Afrique du Nord.
Étant un passage assez important pour les navires transitant au plus court entre Gibraltar et Suez, cet endroit n’a jamais réussi à être le cœur du bassin méditerranéen. Sa position souvent à la lisière de la prospérité européenne durant les siècles de la "Renaissance", Bizerte et son port firent tout de même une courroie de transmission pour le commerce pour la Sicile, Malte, Gêne, Marseille, La grâce, etc. Le port de Bizerte a fréquemment été le témoin des lignes de communications européennes et de ses gloires mercantilistes italiennes, hollandaises, anglaises, espagnoles et françaises.
Délaissée au profit de Tunis par l’empire Ottoman au sortir du 19ᵉ siècle, la zone portuaire de Bizerte allait susciter de fil en aiguille un vif intérêt géostratégique dont la première manifestation fut en 1887, notamment pour contrôler l'Algérie. À cette période en l'occurrence, la puissance militaire française, en collaboration avec le pouvoir turque s'affaiblissant et s'éparpillant, celui de la « Sublime Porte », s’installa progressivement dans le vieux port en créant une station de torpilleurs de 40 t2, élément des « poussières navales » de l’amiral Aube. (La suite dans les prochains jours).
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