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Mohamed Ali Elhaou

Demba de Mamadou Dia : permanence du deuil à Matam, village sénégalais

Le 16 décembre courant, à la salle de l'Opéra, le public avait rendez-vous avec le film sénégalais Demba du metteur en scène et dramaturge Mamadou Dia. C'est l'un des films phares de la participation sénégalaise dans cette 35ᵉ édition des Journées Cinématographiques de Carthage. Il s'agit d'une fiction, durant deux heures, dans laquelle jouent tour à tour Ben Mahmoud Mbow, Awa Djiga Kane, Aicha Talla.


Hier le 16 décembre courant à la salle de l'Opéra, le public avait rendez-vous avec le film sénégalais Demba du metteur en scène et dramaturge Mamadou Dia. C'est l'un des films phares de la participation sénégalaise dans cette 35ᵉ édition des Journées Cinématographiques de Carthage.  Il s'agit d'une fiction, durant deux heures, dans laquelle jouent tour à tour Ben Mahmoud Mbow, Awa Djiga Kane, Aicha Talla.
Capture culturetunisie.com du film Demba le 16 décembre 2024

Cette fiction est l'histoire d'un homme travaillant dans la municipalité de la commune de Matam. Cet employé de service public, Demba, âgé de 55 ans. Alors que s’apprêtant à prendre sa retraite après 30 ans de service dans la mairie de sa petite ville du Nord du Sénégal, une ville souffrant d'une absence totale d'infrastructure, il est confronté à la vague de numérisation des services publics. Il est donc amené à s'adapter : il se perçoit comme en train de perdre des habitudes tant chérissables au fil du temps.


Cette fiction est l'histoire d'un homme travaillant dans la municipalité de la commune de Matam. Cet employé de service public, Demba, âgé de 55 ans. Alors que s’apprêtant à prendre sa retraite après 30 ans de service dans la mairie de sa petite ville du Nord du Sénégal, une ville souffrant d'une absence totale d'infrastructure, il est confronté à la vague de numérisation des services publics. Il est donc amené à s'adapter : il se perçoit comme en train de perdre des habitudes tant chérissables au fil du temps.
Capture culturetunisie.com du film Demba le 16 décembre 2024

L’interprétation très minutieuse, ralentie et flegmatique de Ben Mahmoud Mbow donne vie à ce personnage en chute libre psychiquement et physiquement. Cet acting a permi d’explorer les défis liés à la dépression dans un contexte culturel où la parole est souvent tue. L'ensemble des personnages dans ce film ont l'apparence zen, mais en réalité souffrent d'une dépression ne disant pas son nom. Les différents protagonistes vivent ainsi presque clandestinement dans leur propre pays : les institutions n'assurent même pas un service minimum ; comme le fait d'avoir un acte de naissance par exemple.

L’interprétation très minutieuse, ralentie et flegmatique de Ben Mahmoud Mbow donne vie à ce personnage en chute libre psychiquement et physiquement. Cet acting a permi d’explorer les défis liés à la dépression dans un contexte culturel où la parole est souvent tue. L'ensemble des personnages dans ce film ont l'apparence zen, mais en réalité souffrent d'une dépression ne disant pas son nom.
Capture culturetunisie.com du film Demba le 16 décembre 2024

Point lumineux du film


Même si montrant une partie du Sénégal très appauvrie, n'étant pas ou peu développée, le film contient des plans de tournage dignes de véritables fresques. Le metteur en scène prend en l'occurrence parfaitement son temps dans les prises, le plus souvent avec une caméra fixe. Les comédiens, de leur côté, ont bien montré l'atmosphère de décadence désirée par le metteur en scène Mamadou Dia.


Au micro de Culturetunisie.com, celui-ci mettait des mots sur son film comme suit : "l'idée n'est pas seulement de parler de la ville et de ses remue-ménages, mais aussi de cet homme vieillissant, dépassé par la technologie. Le personnage principal travaille à la Mairie de Matam, il écrit tous les documents à la main. Un jour, il se surprend par l'arrivée de l'ordinateur [...] le film ne traite pas de la question du développement, mais les multiples changements que l'individu subi tout au long de son parcours professionnel".


Même si montrant une partie du Sénégal très appauvrie, n'étant pas ou peu développée, le film contient des plans de tournage dignes de véritables fresques. Le metteur en scène prend en l'occurrence parfaitement son temps dans les prises, le plus souvent avec une caméra fixe.  Les comédiens, de leur côté, ont bien montré l'atmosphère de décadence désirée par le metteur en scène Mamadou Dia.
Capture culturetunisie.com du film Demba le 16 décembre 2024

Sincèrement, le film attire par sa haute technicité, mais aussi par la perfection de son tournage. Sur l'intrigue, le metteur en scène rajoute : " c'est un homme dépassé non seulement par la technologie, mais aussi par la mort de sa femme. Il fait le deuil de sa femme, le deuil de son travail [...] le récit du film appréhende la santé mentale de l'acteur après ses belles choses disparaissant peu à peu. Tout le monde est en deuil dans le film : l'homme a perdu sa femme, son fils a perdu sa fille, la copine à son fils a perdu sa carrière de tiktokeuse, etc. La raison du film, c'est de ce fait de parler du début jusqu'à la fin de cette dépression qui n'a pas de mot dans ma langue maternelle qui est le peul".


dans ce long métrage racontant la vie de Demba, le spectateur prend du plaisir à admirer les paysages de cette commune, les charrettes, les ânes, les infrastructures minimalistes et la simplicité de la vie dans un paysage semblant vierge. Cette ville, Matam, conjugue par conséquent un mélange d'un début de modernisation et une tradition dominante ; une connexion aux nouvelles plateformes, en même temps des éléments rudimentaires de la vie. C'est  une ville, en fait, dans laquelle les guérisseurs traditionnels cohabitent avec les médecins. Le film montre très bien ainsi cette cohabitation entre le passé et le présent dans cette petite ville du Sénégal qu'est Matam. Fiction réellement à voir, car elle contient une forte fibre artistique et permet de connaitre de façon fine le Sénégal profond que nos concitoyens connaissent très peu ou pas.
Capture culturetunisie.com du film Demba le 16 décembre 2024

Finalement, dans ce long métrage racontant la vie de Demba, le spectateur prend du plaisir à admirer les paysages de cette commune, les charrettes, les ânes, les infrastructures minimalistes et la simplicité de la vie dans un paysage semblant vierge. Cette ville, Matam, conjugue par conséquent un mélange d'un début de modernisation et une tradition dominante ; une connexion aux nouvelles plateformes, en même temps des éléments rudimentaires de la vie. C'est une ville, en fait, dans laquelle les guérisseurs traditionnels cohabitent avec les médecins. Le film montre très bien ainsi cette cohabitation entre le passé et le présent dans cette petite ville du Sénégal qu'est Matam. Fiction réellement à voir, car elle contient une forte fibre artistique et permet de connaitre de façon fine le Sénégal profond que nos concitoyens connaissent très peu ou pas.


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