Le court métrage de Salim Talha « L’esquive » : un choix esthétique intriguant

C’est un petit court-métrage durant une minute 55 secondes. Le personnage principal est joué par la prometteuse actrice Sinda Ahmadi. L'anecdote est mise en images par Salim Talha, un réalisateur en herbe empli d'imagination et de créativité. L'histoire commence par une scène d’emprisonnement. Le personnage principal a le visage complètement voilé et a les mains menottées. Le spectateur se place très vite dans la situation de la comédienne en train de desserrer son étau. Le plan suivant montre un début de recherche de la part de la personne détenue pour trouver la porte de l’esquive et de la libération. Le sentiment véhiculé par Sinda, la seule actrice de cette naration, est une peur viscérale de son bourreau. Ce dernier n'apparaissant pas à l’écran; toutefois on arrive à l'imaginer. Le spectateur remarque à peine ses doigts dans le premier plan de la fiction visualisant le champ de l’action.

Ensuite, il y a un beauty shot tournant autour du portail troué à travers lequel le récepteur distingue les yeux du protagoniste. Ceux-ci apparaissent dans un très gros plan à la suite d'un travelling avant. Par la suite, le réalisateur nous fait un plan séquence: Sinda fuit via les escaliers. Il nous transmet en outre l’angoisse de son personnage en mettant en scène des escaliers ne se terminant pas. Ceux-ci sont filmés par les deux techniques de la plongée et de la contre plongée qui se complètent par un panoramique. Vers la fin du court-métrage, nous voyons la captive réussissant à s'échapper: c'est une fuite à l'image d'un oiseau s'évadant de sa cage, après un long périple. Le court-métrage s'achève sur un over the shoulder qui augure l'affranchissement de la femme de son lieu de détention. De notre point de vue, cet exercice est bien réussi car l'idée de délivrance a été communiquée de façon claire.

Salim Talha et Hadir Nasraoui

Le jeune réalisateur Salim Talha, photo prise le 13 octobre 2022 à Hammamet