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"Hier encore" de Rafik Gharbi au Festival Méditerranéen de la Goulette, Karaka : Aznavour ressuscité sur scène dans une ambiance de bal

  • Khmaies et Saadia Ben Younes
  • 20 août
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 4 sept.

Lors de la célébration de sa cinquantième édition, le 19 août, le Festival Méditerranéen de la Goulette a fait un vibrant hommage à travers un concert dédié au mythique chanteur français Charles Aznavour.


Sous la baguette du pianiste et compositeur Rafik Gharbi, ce spectacle marque le centenaire de la naissance d’une icône du monde de la musique, de la composition et du chant dont les tubes ont rayonné et s'enseignent dans les conservatoires de par la planète.


Cette performance musicale dédiée à Aznavour est dans sa quatorzième représentation, avec le même conducteur artistique fondé sur la célébration d'un héritage gravé dans les mémoires des mélomanes : des morceaux musicaux qui recherchent la mélodie et les mots.


Sous la baguette du pianiste et compositeur Rafik Gharbi, ce spectacle marque le centenaire de la naissance d’une icône du monde de la musique, de la composition et du chant dont les tubes ont rayonné et s'enseignent dans les conservatoires de par la planète.



Cette performance musicale dédiée à Aznavour est dans sa quatorzième représentation, avec le même conducteur artistique fondé sur la célébration d'un héritage gravé dans les mémoires des mélomanes : des morceaux musicaux qui recherchent la mélodie et les mots.
Un des moments forts du spectacle. Danse entre artistes sur scène. Crédit photo : Karaka

Les jalons fondateurs de "Hier encore" sont une sélection de titres cultes, oscillant entre rythmes dansants et ballades plus introspectives.


Le public a de fait écouté et fredonné des standards qu’il connaît par cœur, de "Je t’attends", "Il faut savoir", "Que c’est triste Venise" aux succès planétaires comme "La Bohème", "Emmenez-moi" et "Formidable".


En combinant leur façon de chanter, solo, duo, trio ou même en quatuor, les artistes sur scène ont ressuscité ce répertoire traversant les époques et résistant au passage du temps.


Les spectateurs par conséquent n’ont pas hésité à reprendre en chœur les paroles de ces chansons, confirmant l’écho que ces classiques intemporels conservent donc auprès de plusieurs générations.


L’œuvre d’Aznavour a été le fil conducteur du spectacle, Rafik Gharbi, néanmoins, a choisi d’ajouter un clin d’œil à Edith Piaf, personnage influent dans la vie du "Grand Charles" à travers une reprise de "Padam" avec la voix puissante et pleine d’émotion de Lilia Ben Chikha.

 

Cette cantatrice a bel et bien captivé l’audience dès les premières mesures. Une touche orientale s’est imposée aussi par le biais d'un hommage à feu Ziad Rahbani, disparu le 26 juillet 2025. Ce dernier a composé, entre autres morceaux, "Addaych ken finess", titre phare de la diva Fayrouz.


Loin de se contenter de mimer les œuvres originales, le concept de "Hier encore" était de les présenter dans une version innovante et personnalisée, surtout simple et sans artifices.


Les chansons ont alors été pour la plupart réarrangées, avec des morceaux introductifs insérés subtilement ou servant de transition entre les reprises.


Un moment fort de la soirée a été le solo de Kamel Sellem et Lilia Ben Chikha sur les dernières notes de "La bohème" qu’ils ont repris à deux.


Le concert a en outre été ponctué de compositions originales de Rafik Gharbi, notamment "Tango sur le Pont Neuf", qu’il a présenté comme étant inspiré des souvenirs nostalgiques de son séjour dans la capitale des Lumières : Paris.  


Quelques problèmes techniques, en particulier avec la sonorisation et le vent fort, n’ont pas entravé toutefois le déroulement du concert d’une manière générale.


Après une standing ovation finale, les artistes ont rechanté en communion "Formidable" avec les présents à la demande du public qui s’est levé pour danser sur cet air entraînant et enthousiaste dans une festivité qui rappelle les bals des années 60 du siècle dernier.


Retour sur un projet inédit et valorisant l'art substantiel


Ce projet artistique intitulé "Hier encore", du nom d’un titre célèbre d’Aznavour, a fait son premier pas à Sousse en novembre 2022 pour la clôture du festival "Les francophonies de Sousse".


Il s’appelait à l’époque "Je vous parle d’un temps", en référence à la toute première phrase de "La bohème", morceau le plus célèbre d’Aznavour. Ainsi, Rafik Gharbi faisait participer des enseignants et des étudiants chercheurs de l’Institut de musique de Sousse, dont le violoniste Riadh Ben Amor, ex-directeur du Festival international de Sousse, et Youssef Nakache, ancien lauréat d’un prix présidentiel en 2024 lors de son parcours d’études musicales.


Le maestro Rafik Gharbi enseigne lui-même dans ce même établissement, en parallèle avec sa carrière de docteur en chimie organique. Au chant, le créateur du spectacle a fait appel à trois interprètes de générations différentes.


À 70 ans passées, Kamel Sellam a été l’un des fondateurs du groupe Carthago dans les années 80 aux côtés de Fawzi Chekili et d’autres musiciens de renom. Sa voix mature, profondément expressive et qui fait forte impression rappelle profondément celle d’Aznavour.


Lilia Ben Chikha, révélée par l’émission Star Academy et étoile lyrique, est connue pour sa maîtrise de genres musicaux très variés. Meyssoun Fatnassi, la plus jeune, a déjà collaboré avec Ziad Zouari, Aida Niati et Mounir Troudi pour des œuvres allant des airs bédouins au jazz.


Quant à Rafik Gharbi, créateur du spectacle, il est essentiellement connu comme pianiste de jazz, tout en s’emparant de quelques titres au chant. Depuis ses expériences précédentes, dont "Chœur de femmes" dédié essentiellement à Dalida et Edith Piaf, les spectacles de musiques variées sont désormais un espace qu’il connaît bien, mais qu’il aborde à chaque passage comme un nouveau défi.


Suite à la représentation au festival "Les Francophonies de Sousse", le concert "Je vous parle d’un temps" s’est fait remarquer par un producteur qui a décidé d’adopter le projet, de modifier son nom et de le porter à une plus grande échelle à l’occasion du centenaire de naissance de Charles Aznavour en 2024.


Des projections de vidéos ont été ajoutées et des danseurs en live, pour en faire un show vivant et captivant. Une série de dates à guichet fermé a été entamée au Théâtre municipal de Tunis avant une tournée dans d’autres villes. Ce succès retentissant est relié à la qualité artistique du spectacle certes, mais aussi au fait qu’il a coïncidé avec la sortie du film français retraçant la vie d’Aznavour dans lequel joue le formidable acteur Tahar Rahim.


Au final, il est clair que ce répertoire musical suscite l’engouement des Tunisiens qui sont ouverts aux influences culturelles venues d’ailleurs.


Cependant, ce concept est loin de concurrencer le succès commercial des stars de musique libanaise et orientale qui dominent la période estivale et les grands lieux de la représentation tels ceux de Hammamet ou de Carthage.


Tout compte fait, ce registre demeure aussi peu exploité. Rares sont les artistes tunisiens qui travaillent sur les chansons de variété française, en dehors de quelques projets comme "Sinfonica" de Jihed Jbara programmé récemment au Festival international de Hammamet ou l’hommage à Dalida du Carthage Symphony Orchestra présenté en deux dates fin 2024.


Une piste à creuser, des expériences artistiques à perfectionner peut-être, mais une chose est sûre, un large public de mélomanes est attiré par ce contenu au cours de l’année, notamment en hiver et en automne où le rythme des représentations artistiques devient morose, voire au ralenti.


Khmaies et Saadia Ben Younes pour culturetunisie.com

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