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"Ainsi parlait Abou Hourayra", autrement à l'Isad : un nouveau dialogue avec Mahmoud Messadi

  • Mohamed Ali Elhaou
  • 1 juil.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 8 juil.

Les amateurs du théâtre de substance avaient rendez-vous vendredi 27 juin à l'Institut supérieur d'art dramatique de Tunis (Isad) avec la pièce "Ainsi parlait Abou Hourayra", qui a été jouée plusieurs fois depuis son écriture en 1940 par le fameux écrivain et responsable politique Mahmoud Messadi. Lors de cette représentation, le public avait l'occasion de découvrir des tableaux dansants, une interprétation chorégraphique et une rythmique sensuelle de cette énigmatique œuvre inédite dans le monde du théâtre arabe.


Abou Hourayra dans l'univers  féminin, ©culturetunisie.com
Abou Hourayra dans l'univers féminin, ©culturetunisie.com

Avec une troupe de comédiens de talent, l'intrigue, encadrée par l'artiste et universitaire Hamadi Louheibi, tournait autour de trois personnages symboliques interprétés respectivement par Sumilya Rhawlia (Zahra), Adem Ameri (Le diable) et Taki Ghazouani (Abou Hourayra).


Elle met la focale, en l'occurrence, sur un héros en perdition, à savoir Abou Hourayra. Celui-ci vivant dans le désert à La Mecque et il a accumulé plusieurs frustrations. C'est un homme pieux, mais qui se prive de la sensualité, de la féminité, qui ne sait pas comment aborder les femmes, leurs corps et leurs complexité.


Il symbolise l'homme oriental qui se prive de tout et qui respecte la tradition, le passé, les ancêtres, les liens sociaux et les rites sacrés. Abou Hourayra dans cette intrigue est enseveli dans ses pratiques religieuses, marié de manière légale mais qui ne touche presque plus sa femme. Sa vie est vidée de son essence et sa relation au monde vécu repose sur la faiblesse, la résignation et l'acceptation de tout.


Le diable qui vient visiter Abou Hourayra pour le faire sortir de sa routine pieuse ©culturetunisie.com
Le diable qui vient visiter Abou Hourayra pour le faire sortir de sa routine pieuse ©culturetunisie.com

Un jour, un ami, incarnant le diable vient pour l'inviter à sortir de la stagnation et de son immobilité. Il l'appelle donc à apprendre à danser et à se livrer pour le conduire à une vie dynamique, pleine de sensualité, de désirs et d'accomplissement.


En effet, cette représentation faite à l'Isad contient un brin d'érotisme et qui draine le public vers un monde de liberté, un monde dans lequel le corps est le thermomètre de l'existence. "Je te détournerai du monde un jour de ta vie", dit à certains moments le personnage incarné par Adem Ameri.


Ainsi, le premier départ est motivé par des facteurs exogènes au parcours d'Abou Hourayra, qui n'était pas prêt à partir. La sortie de La Mecque se faisait à l'aube. Cette aube symbolise le début de l'aventure existentielle et la sortie vers la modernité.


Entre le diable et Abou Hourayra, il y a Zahra (Fleur), elle incarne le corps de la femme, ses méandres, ses expressions tues, ses mouvements de beauté, ses cheveux roses pleins de charme et d'éveil pour la stimulation de l'envie et de la splendeur. Zahra n'est pas seule, elle apporte avec elle tout un ensemble de personnages féminins qui emplissent l'espace : d'adoration par des mouvements et des souffles pleins d'attractivité et de séduction.


Les costumes des personnages aidant, ils collent, de fait, au corps pour montrer ses courbes mais aussi son ordinarité et le désir qu'il peut susciter chez le spectateur.


Contrairement à l'œuvre originelle de Mahmoud Messadi, la représentation faite à l'Isad montre que l'expérience de la chaire sensorielle et sensuelle n'est pas vaine et qu'elle contient l'essence du bonheur.


En d'autres termes, dans la dramaturgie de Rhawlia  et Ameri, le corps est le lieu où s'opère la libération. C'est également le moyen pour déceler le véritable sens de la vie et de l'existence ; deux éléments essentiels pour vivre pleinement et atteindre le bonheur par l'amour en tant que pratique et non pas en tant qu'idée.


Ainsi, comme cela s'est montré dans cette nouvelle lecture de "Ainsi parlait Abou Hourayra", le plaisir n'est pas une jouissance temporaire, c'est une fenêtre vers l'éternité en profitant de l'instant de la danse, de la performance et de l'énergie dépensée. Il n'est donc pas éphémère et conduit à la concrétisation des rêves du personnage Abou Hourayra, de ses émotions refoulées, qui cherchent à se produire et à voir le jour à un temps condensé et total. Œuvre, relecture et représentation sublimes, à voir absolument.






1件のコメント

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Khmaies Ben Younes
7月02日
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J'espère voir cette pièce, ça a l'air très intéressant

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