Emel Mathlouthi à Dougga dans la 49e édition de son festival international : la musique et le chant la font briller de mille couleurs
- Mohamed Ali Elhaou
- 4 juil.
- 3 min de lecture
Ça lui arrive de pleurer tellement elle s'engage dans la performance de l'interprétation. Elle se définit comme poétesse, musicienne et activiste sincère. Artistiquement, elle se donne pour mission de relier à la fois les notes de la musique occidentale à celles de la musique orientale. Sa musique est une musique fusion, métal, pop et c'est un entrelacs entre mélodies du sud et du nord.
Aujourd'hui, Emel Mathlouthi est connue et aimée pour sa voix éthérée, ses performances théâtrales, sa mode vestimentaire avant-gardiste et décalée, mais aussi un chemin musical qui rejoint ce qu'avait fait la célèbre Madonna, plus particulièrement dans la chanson Frozen, ou encore ce que fait la chanteuse irlandaise Enya, voire le groupe rock The Cranberries et leur fameuse cantatrice : Dolores O'Riordan, décédée le 15 janvier 2018.

Cela fait donc cinq années qu'Emel Mathlouthi travaille en outre sur un style un peu métal et très enflammé à certains moments, à la fois dans ses clips mais aussi lors de ses performances en live qui transmettent beaucoup d'adrénaline. Et c'est aussi cette esthétique globale qui a été présentée lors de la 49ᵉ édition du Festival international de Dougga.
Genre musical inclassable
Le spectateur qui a assisté à ce concert d'Emel Mathlouthi le 2 juillet dans cet endroit romain mythique et historique qu'est le théâtre de Dougga écoute des univers mélangés qui mêlent punk, métal, fusion, folk, musique classique et bien d'autres airs tels que la house progressive, en passant par la musique synthétique et le trap-hop.
Ainsi, il est donc difficile de déterminer le genre musical que présente cette cantatrice qui a sillonné le monde à la recherche de son identité artistique et surtout qui brise la zone de confort de l'écoute chez le spectateur. Celui-ci la plupart du temps demeure admiratif de l'ambiance énergique qu'Emel Mathlouthi lui transmet.
Galerie de photos du spectacle d'Emel Mathlouthi à Dougga ©culturetunisie.com
Ne pas être identifié ou catégorisé par un genre musical unique est quelque chose qu'Emel tient donc à construire au fil de vingt années de carrière et le montre clairement sur scène avec une très grande puissance dans la voix et une amplitude de chant sortant de l'ordinaire.
Au fil de ces chansons performées sur les planches de Dougga, elle dit qu'elle fait désormais de la musique pop, plus particulièrement dans son dernier album MRA, qu'elle consacre à la femme du monde entier.
Emel Mathlouthi, une boule d'énergie
Tenant en haleine son public, deux heures durant, de 22 h 30 à 24 h 30, Emel Mathlouthi n'épargne aucun effort pour faire véhiculer sa musique, sa révolte, son désir de changer le monde et plus particulièrement la condition féminine qu'elle trouve encore marginale dans les problématiques de notre monde.
Emel Mathlouthi a donc bel et bien célébré sur la scène de Dougga son album MRA, entièrement réalisé par des femmes, qui, selon elle, est "une ode féministe centrée sur la force, la passion et les expériences vécues des femmes". Dans cette perspective, surprise du concert de cette chanteuse-compositrice tunisienne qui vit aux États-Unis, qui a fait monter la première rappeuse du pays, à savoir FBK, avec un morceau comportant une rythmique conjuguant le rock au rap avec une forte dose de poésie et d'espoir.
Trente femmes de 22 pays à travers le monde se sont associées à Emel pour travailler sur son dernier album MRA, des ingénieurs du son et producteurs de musique aux directeurs artistiques et autres chanteurs et musiciens.
Emel Mathlouthi pense ses chansons comme des morceaux pour l'universel, pour une mondialisation humaniste et juste. En ce sens, ses paroles, ses mélodies et le rythme de ses œuvres incarnent pour elle un outil puissant pour introduire le changement dans un monde de plus en plus agressif.
À écouter son art, le public ressent la quantité de recherches pour produire une musique fondée sur un mariage de genres avec beaucoup de fluidité. Ce qu'elle fait est donc un art de broderie, consciencieux et alternatif, car il véhicule des messages de responsabilité et aussi une dose de critique au monde tel qu'il est vécu à l'heure actuelle.
Les paroles de ses chansons invitent à "Briser les chaînes", comme elle aime le dire à plusieurs reprises quand elle termine un morceau. Aussi, ses chansons chantent l'éveil et la transformation, à l'image d'un morceau contenant la phrase suivante : "I will rise again like a phoenix." Les paroles de ses pièces chantées se diluent au final dans la mélodie et la musique, et c'est bien la force de cette cantatrice qui n'a pas encore dit son dernier mot et dont la voix ne connaît pas les limites de la technicité du chant.
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