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  • Mohamed Ali Elhaou

Meherzia Touil à la clôture des soirées ramadanesques de Dar Sébastien : un talent nommé désir de reconnaissance

Layali el Kamar (les nuits de la lune) sont une tradition de Dar Sébastien à Hammamet depuis maintenant plus de 12 ans. Lors de cette occasion, le public avait rendez-vous entre le 22 et le 30 mars avec un programme riche regroupant les portes drapeaux d’une musique douce garnissant les soirées ramadanesques concocté par Najib Ksraoui. Nous avons été à la clôture de cet événement marquée par la présence de la merveilleuse cantatrice Meherzia Touil. Celle-ci est dans le monde du chant depuis 1994. Meherzia était accompagnée d’une grande partie de jeunes musiciens qui excellent véritablement dans la maitrise de leur instrument et sont à la fois capables de jouer des airs orientaux qu’occidentaux. Ces jeunes sont Youssef Bargaoui joueur de Tar et différents autres instruments de percussion, Mohamed Mahdouani, le pianiste, Selim Hdider, le guitariste et le très rodé Taieb ben Krifa, choriste ayant passé 25 ans à la Rachidia.



 Maherzia Touil et sa troupe à Dar Sebastien à Hammamet le 30 mars 2024


La soirée de clôture : une revisitation des joyaux de la chanson locale


Le spectacle présenté s’intitule des Foundous (musique patrimoniale) contemporains. Meherzia a commencé par la fameuse chanson Zahret El Madaen de la diva Fairouz. Ensuite, la chanson Mohamed Ya rassoul allah de Yasmine Khayam. Après, c’est au tour de Zaama Issafi Idahr de Mohamed Triki chantée par Naama, de Megyess chanson du patrimoine mise en avant par Zied Gharsa, de Yalli boadek dhayaa fekri, de Mahléha tathbilet Inek un classique de la Rachidia, de Orthouni Zouz Sbaya, Chargui gda bizayn, Yam laaouina Zarga de Saliha. Nous ne contentons de ceci, en évoquant que Merherzia a bel et bien rendu hommage à Hedi Jouini, Chedli Anouar et à Ali Riahi.  



Lors de ce spectacle, Meherzia a montré de grandes capacités de chant. Ainsi sa voix peut tenir le rythme et la mélodie de la pièce sans même être accompagnée d’instruments. Son timbre est campagnard, très limpide et en même temps vigoureux. Aussi, sa voix se trouve très à l’aise dans les airs andalous. De ce fait, à chaque fois qu’elle peut le faire, elle termine ses morceaux par des chutes espagnols, comme si pour rappeler les origines qui ont impactées l’âme locale, notamment lors des fêtes et des festivités. Aussi, la cantatrice excelle dans le mode Rassit, particulièrement lorsqu’elle a interprété la chanson de Yalli Dhalimni de sidi Ali Riahi. 


Qui est Meherzia Touil ?


Meherzia Touil est née le 25 février 1979, elle est spécialisée dans le Tarab. Elle a une voix sublime, spécifiquement quand elle chante les chansons des divas arabes telles que Warda, Najet Saghira et Om Kalthoum. Elle a commencé au mois de janvier 1994 lors de l’émission Do-Ré-Mi animée à l’époque par Hatem Ben Amara dans laquelle a été classée première par son interprétation de la chanson Ya Msafir Wahdak (un morceau qui parle du chagrin de la séparation) de Najet Saghira et aussi à l’émission musicale à la même année Noujoum El Ghad présentée par le même animateur. Par la suite, elle a intégré la fameuse association culturelle et artistique spécialisée dans la musique tunisienne, à savoir la Rachidia, au sein de laquelle chacun apprend les normes de la chanson et de la musique, présidée jadis par le très célèbre chanteur du Malouf Taher Gharsa et où elle rencontre Chokri Oumar Hanachi, entre autres. Elle y fera sa carrière jusqu’en 2010. Parallèlement à son passage à la Rachidia, elle a pu intégrer la troupe musicale de la radio nationale en ces temps sous la direction du chef d’orchestre Abdelhamid Ben Aljia. À cette même période, elle collabore avec le compositeur Mohamed Mejri avec qui elle fait quatorze chansons, mais qui couvent désormais dans les archives de la radio nationale. Avec le compositeur Mohamed Ridha, elle en a deux pièces et qui subissent le même sort : ce sont des chansons qui voient le jour au gré des animateurs de la radio, surtout les plus curieux qui veulent enlever la poussière sur certains joyaux musicaux de notre mémoire collective chantée.  


Meherzia Touil avec sa troupe, même date, même endroit


Peu à peu, Meherzia Touil devient soliste à la Rachidia, alors que la tradition de cette association est la formation au chant collectif. Ensuite, elle prend son envol pour faire des concerts en solo avec sa propre troupe musicale. Elle participe à l’émission The Voice diffusée sur la chaine MBC en 2015. Aussi, elle a chanté à l’Opéra syrien, en Egypte, au Maroc, en Algérie. On peut dire qu’à l’échelle internationale et plus particulièrement dans la zone arabe, le travail de Meherzia Touil est reconnu et son talent de cantatrice est admiré par les connaisseurs de la musique.  Merherzia Touil écrit et compose ses chansons dans un univers musical de plus en plus dominé par la chanson rapide comme celle du rap. Depuis 2024, elle est beaucoup plus présente sur la scène tunisienne et elle est invitée à participer à plusieurs festivals comme ce fut le cas à l’ouverture de la chanson tunisienne le 14 mars 2024 et des festivals comme ceux de Sfax, de Kairouan, de Gabes et de Bizerte. Dans sa carrière, là où le bât blesse : quand on parle de ses albums. Cette merveilleuse cantatrice, en a très peu, pas par manque de talent, mais à cause d’une sphère musicale locale cessant de produire et abandonnant le travail collectif et le sacrifice pour un domaine exigeant beaucoup d’efforts et une collaboration incessante entre écrivains, musiciens, producteur et interprète.


La chanson la plus connue de Meherzia Touil, s’appelle Ya Nes, elle est composée et écrite par elle-même, mixée par Hamdi Mhiri et arrangée par Nader Cherif. La chanson est diffusée pour la première fois en octobre 2017.  En gros, Meherzia Touil choisit minutieusement ses pas. Elle est très prudente dans la gestion de sa carrière à un moment où le champ musical dans notre pays se retrouve de plus en plus sur du sable mouvant, c'est-à-dire que la plupart des artistes comme Meherzia ne savent plus sur quel pied danser face à la numérisation du domaine ; devant l’éclatement de la division du travail classique de la production musicale ; confronté à un auditeur habitué à être volatil et dépourvu de concentration pour apprécier le travail musical élaboré ; et avec un producteur désireux plus investir dans ce que veut le public bien plus que sur un art fastidieux, preneur du temps et demandeur de moult répétitions.


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