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  • Bochra Mouelhi

Ammar Belghith : artiste prenant la grotte pour maison de création

Près de délégation de Dahmani, située à deux kilomètres d'un des plus grands sites archéologiques de la Tunisie, Althiburos, je suis parti à la rencontre du peintre connu Ammar Belghith, le créateur de la première galerie hors cité ou comme on l'appelle aussi "la grotte des arts".


©Création de Mohamed Ali Elhaou


Pour ceux qui ne le connaissent pas, Ammar Belghith est un peintre ayant décidé, après une longue carrière en peinture de plus de vingt ans à l'étranger, notamment en Égypte, en Irak, en France et aux Philippines, de rentrer chez lui dans sa région natale : le Kef. Là où ont vécu ses aïeux. Il s'installe plus particulièrement dans une grotte. Celle-ci, il la dédie bel et bien aux arts. La caractéristique de ce lieu réside dans sa température ambiante. Cette dernière ne change pas : été comme hiver.


À ses dires, il préfère la "climatisation naturelle". Cet endroit est donc propice de son point de vue à l'exercice de sa passion : la peinture et la production des œuvres d'art. Cet espace, à ses yeux, est ainsi son unique outil pour travailler, se protéger et s'isoler du monde extérieur. Dans ce lieu, le peintre Ammar Belguith médite, prend de la distance et surtout échappe au bruit du monde de la ville qui devient de plus en plus un lieu agressif à notre époque actuelle.


De ce fait, la grotte est non seulement un lieu de travail pour Ammar Belguith mais aussi une station de repos et de plaisir pour les visiteurs venant des autres régions du pays ou même de l'étranger. C'est ainsi une occasion de "partager le goût de l'art, de l'esthétique et de la beauté" comme l'artiste l'explique bien.


L'ambiance de la grotte-atelier


À l'entrée dans l'atelier, très vite transparait l'esprit créatif et la force de l'imagination de cet artiste. D'ailleurs, cela se sent dès la prise du chemin vers cet environnement assez singulier. Ainsi, la piste menant à l'atelier est remplie de blagues ironiques créées par les soins de l'artiste. On trouve à ce titre l'expression "route contrôlée par le radar" avec la photo d'un lapin jouant le rôle d'agent de la circulation, alors même que le lieu est quasi désertique. En avançant un tout petit peu, apparait une autre expression aussi ludique que la précédente : "Parc pour artistes menacés d'extinction".


De l'autre côté, se loge un puits livré à lui-même dans une verdure isolée que l'artiste avait baptisé le "puits de l'amour" afin de commémorer la légende d'un amour tragique connue sous le nom de "Maysar et Marconda" - une version tunisifiée de la fameuse pièce de Shakespeare, Roméo et Juliette.


L'esprit satirique


Le bon sang, l'humour et la créativité d'Ammar ne se sont pas arrêtés à ce point, il les amène jusqu'à l'intérieur de l'atelier. À l'intérieur de celui-ci est accroché une "reconnaissance" d'un âne pour ses bienfaits pour l'humanité. Cette reconnaissance vient sous la forme d'un diplôme. Comme si l'artiste signifiait la dégringolade dont souffre notre système éducatif. Mais à regarder de près, cette reconnaissance est très terre-à-terre. En effet, l'artiste avait attribué un certificat d'honneur à l'âne qui l’a aidé à construire l’endroit. C'est un compagnon de route sur qui Ammar peut compter. Cet animal en l'occurrence fut le véhicule sur lequel l'artiste transportait les meubles et les instruments nécessaires à la décoration et à l'animation de la grotte.


Les œuvres de Ammar Belguith racontent au final l'histoire contemporaine de notre pays. Plus particulièrement, elles retracent l'héritage de la région nord-ouest et plus précisément celui du Kef. Pour l'artiste, ce territoire est "la plus belle région, plus belle que Hammamet ou les autres villes célèbres". C'est bel et bien une invitation pour lutter contre l'oubli et l'abondant dont est victime cette contrée.


Bochra Mouelhi et Mohamed Ali Elhaou









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