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Mohamed Ali Elhaou

Wael Kfoury au festival de Carthage : amour, gloire et beauté, mais aussi commerce !

Le 19 juillet 2024, le public attendait trois heures avant, sous un soleil de plomb, l’ouverture du grand portail du festival vers 19 h pour accueillir leur artiste préféré de ce temps : du tout rapide et de l’insensibilité. Ce public composé plus particulièrement de la gent féminine avait rendez-vous avec le très élégant, romantique et lyrique chanteur libanais Wael Kfoury. Celui-ci vers 22 h 00 pile apparait au grand public, en descendant avec prudence les escaliers mise en place pour garnir les pierres de cette scène antique. Le tout sur le rythme de sa fameuse chanson Ma Rjaet Inta (Reviens-tu ?).   

Wael Kfoury, festival de Carthage le 17 juillet 2024, ©Zied Jaziri

La plupart des tickets se sont vendus comme des petits pains. Pourtant, le prix de l’entrée était exorbitant par rapport à la qualité artistique, stricto sensu, de l’artiste. Les gradins étaient archicombles, des couples et des belles filles très bien habillées et parfumées n’arrêtaient pas de fredonner et de danser sans relâche sur les morceaux de ce chanteur libanais baby-face, deux heures durant.


Le chanteur libanais de 49 ans, dont la dernière apparition sur les planches de Carthage remonte à 2015, fut donc face un public demandeur de chansons sur l’amour ; un amour heureux présent dans les 19 albums de ce fin interprète. D’ailleurs, Wael Kfoury lors de ce concert au festival de Carthage n’a pas chanté de morceaux tristes. L’accent lors de cette prestation était plutôt mis sur le répertoire joyeux de l’artiste. Parmi ces chansons lyriques et à succès, citons à ce propos : Tabki El Touyour ou encore Bilgram.


Avec du recul, qualité artistique limitée 


En effet, le parcours de Wael Kfoury incarne la culture de masse sévissant dans nos radios dominantes depuis une vingtaine d’années. Ainsi, ne passe presque pas un jour sans écouter un morceau de ce chanteur libanais dont presque toute sa musique se ressemble et qui tire un certain nombre de ses succès de mélodies originaires de Turquie. Son art s’impose, vaille que vaille, à nos oreilles via les médias de masse.


Technicité vocale de Wael Kfoury mais sans plus, ©Nawaam Ghribi

La plupart du public présent est composé de belles jolies filles dont rêve tout homme, qui viennent écouter différents morceaux faisant hymne à l’amour et aux structures complexes des histoires affectives et charnelles. Aussi, ici et là se trouvent des couples, mais le plus souvent les hommes viennent par sympathie et acceptent la demande de leur conjointe. Au milieu de ce public communiquant un monde idyllique, on se demande comment les problèmes conjugaux existent dans notre pays du jasmin ?


Figure du prince charmant


En réalité, les hommes libanais ont énormément de succès et d’attrait auprès des femmes tunisiennes. Aussi, les plus beaux d’entre-deux, Wael Kfoury en est un exemple au côté de Ragheb Alama à ce titre, représentent la figure du prince charmant. Cette figure est celle du bel homme, réussissant professionnellement, ayant du charme, choisissant ses mots à l’égard de la femme, courtois, qui s’habille comme un président et sensible.



Wael Kfoury est une star médiatique de la chanson arabe, même s’il ne veut plus désormais faire des conférences de presse, comme ce fut le cas en ce jour du 17 juillet.  Ses thématiques de chant sont standardisées et même ses mélodies rentrent dans cette catégorie de chanson courte où le refrain arrive très vite et au sein de laquelle il y a un changement de rythme toutes les 30 secondes.


La voix de cet artiste est très moyenne, même s’il maitrise parfaitement les techniques de chant. On peut la qualifier comme une voix de studio et de clip. Autrement dit, elle est très vite submergée par les cris et le bruit du public en live. Cela n’enlève rien à la présence et à la maitrise vocales de Wael Kfoury qui, tout de même, gère bien son concert. D’ailleurs, il n’a pas trouvé sa voix au tout début du spectacle face au vacarme accueillant des spectateurs. En revanche, tout au long du spectacle, Kfoury n’apporte pas, à proprement parler, ce grain de folie : caractéristique essentielle des grands artistes, à l’instar de Melhem Barakat, pour ne citer que celui-ci.


Wael Kfoury est donc une voix douce, limitée, très cadrée, mais aussi portée par une grosse machine médiatique. Certes, le timbre de sa voix est unique, mais cela ne fait pas de lui un artiste exceptionnel avec l’aura qu’on lui accorde actuellement. En réalité, il se classe dans le même registre que Ragheb Alama. Ce qui le différencie de ce dernier, c’est surtout l’usage dans ses chansons de la dabka libanaise, sinon c’est presque le même produit en plus sobre.


De plus, cet artiste par la longévité de sa carrière, il chante depuis 25 ans maintenant, réussi à créer une réelle alchimie avec le public et les paroles de ses chansons valorisent le rôle de la femme dans la vie de l’homme à l’image du titre : El Bint El Awiye.


Art de festivités


L’art de Wael présenté hier se conjugue très bien avec les festivités du moment, notamment par ses mélodies accessibles, la parole ordinaire, consommée sur l’amour et par sa légèreté dans le rythme. Il importe de mentionner au final que l’innovation technique de ce spectacle réside dans la présence du clip au moment de la représentation de certains titres comme Kelna Mnenjar. Wael Kfoury s’inscrit, sans aucun doute, parfaitement dans l’orientation marketing des événements culturels, en témoigne le jeu commercial effectué avec le spectacle.

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