Le court-métrage Kamikaze de Hassen Marzougui : psychodrame dans lequel les vivants sont déjà morts
Le court-métrage Kamikaze dure 26 minutes. Il raconte une ville, Tunis, dans laquelle la relation toxique devient la norme. Dans ce milieu dans lequel les relations sociales n'ont plus aucune valeur, émerge la solitude, la folie et les meurtres commis par Hakim. Dans ce drame, la folie présentée est silencieuse. En apparence très calme. Elle n'est pas bavarde. Elle montre un homme qui semble équilibré et en couple.
Dans l'incarnation de cette folie inhumaine se trouve le comédien Abdelmonem Chouayet dans ce personnage d'Hakim (le sage). C'est un tueur en série, refoulé, qui a créé sa propre morgue. Il pense qu'il est propre, justicier et veut donc construire un monde idyllique à sa guise où il n'y aurait plus de violence, d'irrespect et de saleté. Sauf que ce monde est chimérique. Autrement dit, il ne peut pas avoir lieu. Ce psychodrame montre comment le souci maladif de la perfection conduit à la destruction.
Ce court-métrage cible en réalité un public de plus de 18 ans, car il montre des cadavres avec des cicatrices atroces et des morceaux de la chaire humaine à la limite du supportable. Son univers esthétique est japonais, voire chinois, les comédiens jouent en slip et en vêtements très légers. Esthétiquement parlant, personnellement ça m'a rappelé Enter the Dragon (1973) du metteur en scène Clouse Robert, notamment la scène du pré-générique.
Rym Hayouni suscite le désir
À travers sa plastique svelte et son visage très sexy, Rym Hayouni suscite le désir dans ce film lugubre à travers le personnage de Rayhanne. C'est un personnage de contraste. Elle est la concubine d'Hakim. Elle essaye de trouver des moments de bonheur dans cette société qui vit déjà avec les morts : chérissant la mort et oubliant de profiter de la vie. À chaque fois qu'elle cherche la sécurité, elle trouve plutôt une intelligence malicieuse et sans scrupules dans tout l'univers qui l'entoure. Elle n'a pas pu capter l'hubris de son concubin même si dans son for intérieur, elle sait qu'il va lui faire du mal. Dans cette perspective, il y a la scène de la cuisine à travers laquelle elle range, en essayant de les cacher, les nombreux couteaux disposés à côté du lavabo à vaisselle.
Il est à signaler qu'en dehors des scènes de la morgue, ce court-métrage montre l'architecture sublime de Tunis, notamment la nuit. Ses appartements anciens. Aussi, l'éclairage des plans est parfait et le jeu des comédiens très professionnel. Court-métrage vraiment à voir, car il interroge notre façon de vivre à la fois de façon déconnectée, égoïste et violente. Dans ce psychodrame, Anouar Nasser a fait un travail magnifique dans le rôle du policier. Court-métrage à voir s'il trouve un distributeur local, entre autres.
Où et quand on peux voir ce court métrage ?
En lisant cet excellent article, il y a cette chanson qui me vient à l'esprit : https://www.youtube.com/watch?v=OJKOEpo_QZk
Merci beaucoup, cela donne envie de voir ce travail