La comédie musicale la Belle et la Bête à l'Isad : promesse féerique tenue
- Mohamed Ali Elhaou
- 29 juin
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 juin
La représentation d'un classique de l'art dramatique, comme celui de la Belle et la Bête, sous la forme d'une comédie musicale pour presque la première fois à l'Institut d'Art Dramatique de Tunis (Isad) est un véritable pari réussi. Trois principaux comédiens ont partagé l'affiche le 26 juin à 19 h 00, avec une pléiade de comédiens talentueux, à savoir Houssem Sfar, Oussama Ben Haj Mhamed et Takwa Fridhi. Ils ont été encadré par l'artiste et universitaire Aymen Allan qui s'est très fortement impliqué dans ce projet par un effort intellectuel et physique dans l'encadrement de ces artistes de demain.

Tout de suite, durant une heure, le public s'est plongé dans l'univers magique des contes et des légendes. Portés par les fées, accompagnés par leur ardeur, leur drôlerie et leur sourire, les personnages de la Belle et la Bête respirent la vie et l'espoir.
La force de ce spectacle, c'est qu'il fait croire à l'auditoire à la superpuissance des fées et l'invite à trouver refuge dans la magie de la représentation théâtrale.
Les contes, mythes et légendes sont souvent le fruit de la tradition orale, se retrouvent à un moment ou à un autre entre les mains des écrivains et traversent les âges comme autant de mémoires collectives du monde vécu. Le conte La Belle et la Bête revisité à l'Isad ne déroge pas à cette règle de la construction sociale.
L'intrigue de cette comédie musicale dépeint en l'occurrence le parcours d'une jeune fille qui, pour délivrer son père d'un destin mortel, accepte de se sacrifier pour lui et de se transformer en captive d'un être répugnant, un monstre lugubre résidant dans un manoir enchanté, une tour d'ivoire vampirique.
À mesure de l'évolution de l'intrigue, les personnages, notamment la Belle et la Bête se dévoilent et se présentent sous un nouveau jour. Leur attachement fera voler en éclat peu à peu la peur de la Belle. Elle découvre en effet un être doux, très humaniste et plein de générosité. La noirceur de la relation se transforme donc en quiétude. Le conte apprend à l'auditoire présent de ne pas se fier aux apparences et aux façades dans tous les domaines. C'est bel et bien une invitation au courage et à la lucidité.
De ce spectacle, qui a fait franchement un rendez-vous avec la beauté et le bonheur, le spectateur en sort avec un cœur et un corps plus légers. Avec peu de moyens, mais une grande volonté, les deux porteurs de ce projet, à savoir Houssem Sfar et Oussama Ben Haj Mhamed, ont réussi à mobiliser les ressources pour entreprendre ce projet nécessitant de l'animation, une diversité de costumes, de tableaux, une dynamique esthétique et une performance théâtrale à dessein d'émerveillement, substantiellement féerique.
Les fresques représentées sont pleines d'imagination et de créativité à la fois en ce qui concerne la diversité des habits et la pluralité des mises en scène mais aussi au niveau de l'imagination et de l'inventivité musicales.
Houssem Sfar avait une voix profonde, riche et tonitruante mais aussi rugueuse et autoritaire, parfaite pour la Bête. Cependant, ce sont des personnages comme celui joué par Oussama Ben Haj Mhamed qui ont volé la vedette avec son maquillage, son lyrisme dans l'interprétation et son dosage dans la présence sur scène. Il avait incarné le rôle du père.
Aussi, le spectacle par les chorégraphies qu'il présente et la convivialité bon enfant qui l'anime a offert ainsi à l'auditoire un excellent soulagement comique notamment par le biais des tableaux comportant des "objets" ménagers, des ustensiles de cuisine, qui ont été incarnés par une armada de comédiens prometteurs.
D'ailleurs, le conte La Belle et la Bête a fait l'objet de grosses productions, notamment de la part de Walt Disney, et des stars internationales comme Toni Braxton ont effectivement participé à ce projet en 1998.
Ce projet présenté à l'Isad a fait un effort louable au niveau de l'écriture des chansons et de la création de la musique d'accompagnement de ce conte international. Dans cet effort a participé, entre autres, l'artiste Anis Mestaoui (voir l'ensemble des participants via ce lien : https://lc.cx/2gCrLx).
Ainsi, l'ambiance musicale était toute autre de l’œuvre originale. Le numéro le plus grand et le plus connu de la comédie musicale, Be Our Guest, a été délaissé au profit d'une rythmique brandissant des chansonnettes avec de l'arabe littéraire. Les dialogues aussi étaient en arabe littéraire.
La performance de groupe a été le plus souvent un délice visuel et surprenait à chaque fois par la bonne énergie de la jeunesse mais aussi par la diversité des propositions esthétiques et théâtrales.
En outre, avec des lumières clignotantes, des atmosphères de performance changeantes, des décors psychédéliques et de style un peu broadway, des danseurs déguisés en assiettes, et beaucoup de can-can et de claquettes, le public a été emporté dans un univers où tout devient léger, rêveur et merveilleux.
À la fin, la Bête déclare sa flamme à sa Belle et le happy-end a été bel et bien au rendez-vous, comme c'est de coutume pour œuvre destinée aux enfants. Spectacle méritant d'autres représentations au-delà de la muraille académique.
Toute ma gratitude à celui qui a écrit cet article, à tous ceux qui ont applaudi sincèrement et à tous ceux qui ont cru en nous.
Être partie prenante de ce rêve collectif intitulé "Les Secrets du Palais Enchanté" est un honneur et une responsabilité, et c'est aussi la consécration d'une expérience émotionnelle et esthétique rare au sein de l'Institut Supérieur d'Art Dramatique.
J'ai lu cet article avec un cœur reconnaissant, et en suivant ses mots, j'ai eu l'impression que la représentation renaissait dans ma mémoire. Je suis heureux que le rôle que j'ai incarné, celui du père, ait touché le public, et encore plus heureux que l'œuvre dans son ensemble ait réussi à raviver chez le public la joie…
Dommage d'avoir eu l'information après la représentation...
Très belle initiative de faire de la comédie musicale dans notre pays. C'est une tradition qui commence à s'installer progressivement et c'est très bien que la jeune génération soit attirée par ce genre de spectacle.