Journée d'étude du laboratoire de recherche en culture, nouvelles technologies et développement : quelles perspectives pour la création musicale à l'heure de l'intelligence artificielle ?
Le 7 décembre 2024, la cellule des jeunes chercheurs de l'Institut supérieur de Musique dirigée par Samir Becha avait organisé une journée d'étude intitulée "La musicologie numérique, enjeux épistémologiques et perspectives disciplinaires". À l'organisation de cette journée s'est impliquée activement Aicha Khlafaoui, Nour Ben Hamadi, Rym Mansour, Wael Samoud et Mounira Alaya. Cette journée, en effet, est un lance-pierre de tout un programme de recherche tournant autour des évolutions de la musique à travers les technologies de l'information et de la communication.
Cette initiative est à encourager, car elle met sur la même table, de manière régulière, un ensemble de chercheurs s'intéressant au futur du monde de la musique ainsi que les changements qui bouleversent son mode de production. Parmi les questions abordées figure celle-ci : dans quelle mesure l'intelligence artificielle dans la production et la création musicales remplacerait l'intelligence et la créativité humaines ? Aussi, la non prise en compte des spécificités de la musique orientale par certaines machines dites intelligentes : exemple certaines nuances des Toubouâa.
Appropriation des exigences technologiques
Lors de l'ouverture de cette journée, Samir Becha avait, pour sa part, mis l'accent sur la nécessité de s'adapter aux exigences technologiques qui sont en train de modifier le monde de la création musicale. Il a mis de ce fait l'accent sur l'arrivée d'un monde de plus en plus en accélération, où le futur est désormais demain. De surcroît, il considère l'Intelligence Artificielle (IA) comme recelant des opportunités bien plus que des menaces à craindre. Cette intelligence permet, selon Becha, de mesurer avec exactitudes les spécificités de la musique ainsi que les nouvelles façons de la faire, la produire et la créer par le biais des courbes et des graphiques.
De son côté, Saifallah Ben Abderrazzek rappelle la nécessité de maitriser les concepts afin de maitriser la discipline. Il a également insisté sur l'urgence et la nécessité d'interroger scientifiquement le syntagme de "musicologie numérique".
Cinq axes
Parmi les présents à cette journée se trouvent des chercheurs encadrant des recherches en musicologie tels que Saifallah Ben Abderrazzek, Adel Ben Hassine et Wael Samoud, entre autres. Cette journée s'est divisée en cinq axes : l'analyse musicale, l'ethnomusicologie, l'organologie (l'étude acoustique de l'instrument musical), les anthologies et les bases de données sonores et la pédagogie de la musique. Ces axes tournent autour du fait : sommes-nous en rupture épistémologique ? Quelles sont les limites de la musicologie numérique ? Quels droits d'auteur avec la prolifération des produits musicaux en ligne ?
Dans cette journée, l'intervention, parmi d'autres, de Refka Beltaifa attire l'attention, car sa recherche met la focale sur l'approche holistique du phénomène musical, sur l'intensité sonore, les harmoniques, les ornementations, la compréhension de la difformité, la méthode spectrale, l'attaque vocale et les attaques glottales.
En outre, d'autres interventions analysent et tentent de comprendre l'impossibilité pour les dispositifs techniques, plus particulièrement les algorithmes, d'analyser les émotions. Celles-ci sont au cœur du phénomène musical.
Au final, cette journée est pertinente, car elle donne un cadre d'expression aux jeunes chercheurs afin qu'ils expriment leur objet de recherche ainsi que les contraintes méthodologiques, conceptuelles et heuristiques auxquelles ils font face. En d'autres termes, c'est une façon très appréciable pour ne pas laisser le chercheur en difficulté face à son terrain de recherche.
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