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  • Mohamed Ali Elhaou

Amal Maher sur la scène du festival de Carthage, sensibilité, fragilité et légèreté

Le 10 aout 2024, malgré un temps très humide et une chaleur de plomb, même en soirée, les spectateurs n’ont pas raté le spectacle tant attendu de la chanteuse égyptienne et arabe Amal Maher, après une absence de neuf ans. Son dernier concert était en effet en été 2015. La représentation a démarré à 22 h et s’est terminée à minuit, sans une minute de plus.


Elle est née le 19 février 1985. Mais sur scène, elle en fait moins. Hier, elle est apparue à son public avec une robe de soirée dorée collée à une cape du même style, pas vraiment adaptée à ce temps dont la chaleur est presque insupportable. Elle fut accompagnée de 37 musiciens dirigés par le chef d’orchestre Thameur Fidhi.
Amal Maher le 10 aout 2024 sur les planches du théâtre romain de Carthage, @Donia Ali

Ses fans dans les gradins du festival de Carthage affichaient des pancartes sur lesquelles est inscrit "Amal Maher, la voix de l’Orient". Ils étaient de vrais supporters à cette artiste très adulée, surtout par la frange des jeunes et des adolescents.  


Elle est née le 19 février 1985. Mais sur scène, elle en fait moins. Hier, elle est apparue à son public avec une robe de soirée dorée collée à une cape du même style, pas vraiment adaptée à ce temps dont la chaleur est presque insupportable. Elle fut accompagnée de 37 musiciens dirigés par le chef d’orchestre Thameur Fidhi.


Ses fans dans les gradins du festival de Carthage affichaient des pancartes sur lesquelles est inscrit "Amal Maher, la voix de l’Orient". Ils étaient de vrais supporters à cette artiste très adulée, surtout par la frange des jeunes et des adolescents.    Elle est née le 19 février 1985. Mais sur scène, elle en fait moins. Hier, elle est apparue à son public avec une robe de soirée dorée collée à une cape du même style, pas vraiment adaptée à ce temps dont la chaleur est presque insupportable.
Le public baptise Amal Maher comme la "voix de l'Orient", @Zied Jaziri

Déstabilisée sur scène


Certes Amal Maher n’a plus à prouver son talent ainsi que la qualité de sa voix, mais la présence au festival de Carthage hier face à 9000 spectateurs, car il n’y avait plus de réellement de place pour s’assoir et voir tranquillement la prestation, a été vécue comme une grande épreuve pour cette cantatrice pleine d'enthousiasme. Cette épreuve a été vraisemblablement difficile pour cette chanteuse, sortant d’une période critique après un divorce et d’autres problèmes. Par conséquent, les spectateurs ont assisté à un calibre moyen de chanteuse, même s’ils n’ont pas arrêté de la soutenir, tout au long du concert.


Calibre moyen, car son univers est quasiment un univers de vidéoclip et de chansonnettes pour adolescents. Ces morceaux changent de rythme toutes les trente secondes et ne durent pas plus que trois minutes. Elle introduit des instruments comme la guitare sèche au lieu de l'oud pour montrer la modernité de ses propositions, mais ceci n’engendre pas concrètement ce qui peut attirer l’oreille du public. Ainsi, les spectateurs sont exposés à des mélodies rapides dans lesquelles il n’y a pas véritablement un sens musical bien enchainé.  


Les qualités de cette chanteuse, c’est la force de la voix, mais aussi sa joie communicante sur scène et son ouverture envers son public, notamment en changeant de programme à sa demande comme par exemple lorsqu’elle a chanté une partie du chef-d’œuvre de Abdelhalim Hafez, Mawoud.
Amal Maher en alchimie avec le public de Carthage malgré la chaleur et l'humidité, @Donia Ali

Artiste répondant aux demandes de son public


Les qualités de cette chanteuse, c’est la force de la voix, mais aussi sa joie communicante sur scène et son ouverture envers son public, notamment en changeant de programme à sa demande, comme par exemple, lorsqu’elle a chanté une partie du chef-d’œuvre de Abdelhalim Hafez, Mawoud.


Toutefois, son répertoire demeure très faible et ne rentre pas dans la mémoire de l’auditeur en dehors de deux chansons ou trois à l’instar de Rayeh Beya Feen, Eteqy Rabena Feya ou encore Seket El Salama. Son répertoire nous rappelle le chanteur Iheb Taoufik ; artiste ayant le vent en poupe au tout début des années 2000, mais dont on n’entend plus parler de lui aujourd’hui, car il joue désormais dans des espaces très peu connus. Il importe de signaler que sa voix, même si elle est forte, elle se perd dans un espace ouvert comme celui du théâtre de Carthage. Dans cette perspective, son art est-il un art lounge ?


Grande interprète, de l’ancien patrimoine de la chanson arabe


Les moments forts où Amal Maher emporte vraiment son public, c’est lorsqu’elle a chanté par exemple Akdib alik, le célèbre opus de Warda ou encore Alf lila ou lila de la diva Umm Kulthum. Aussi, l’assistance fut entrainée par Sidi Mansour, œuvre du patrimoine sfaxien, mais très usée dans notre pays. Dans cette perspective, par ces interprétations, elle a montré qu’elle était bien plus interprète que chanteuse.


En réalité, le fait qu’elle soit aujourd’hui connue à l’échelle arabe, c’est grâce au développement de la musique égyptienne et surtout grâce à la machinerie des vidéoclips diffusés, entre autres, en boucle sur la chaine Mazzika. Celle-ci fait bien le packaging des artistes, même si ces derniers sont moyens en live, comme c’est le cas lors de cette représentation.


Toutefois, son répertoire est très faible et ne rentre pas dans la mémoire de l’auditeur en dehors de deux chansons ou trois à l’instar de Rayeh Beya Feen, Eteqy Rabena Feya ou encore Seket El Salama. Son répertoire nous rappelle le chanteur Iheb Taoufik ; artiste qui avait le vent en poupe au tout début des années 2000, mais dont on n’entend plus parler de lui aujourd’hui.
Amal Maher dans ces moments de grâce, @Zied Jaziri

D'ailleurs, ce que fait tout artiste, dont le parcours est semé d'obstacles, c’est qu’il s’attache aux grands du domaine pour pouvoir poursuivre son parcours et se sentir, par moment, moins petit. C’est ce qui est remarqué à travers le retour de Amal Maher vers les chansons qui ont fait la gloire du chant arabe entre 1960 et 1990. Ce retour la délivre en quelque sorte de la pression qu’elle a subie aux différents moments de cette soirée. Du coup, en revisitant ce répertoire, qui enchante tout naturellement les spectateurs, sa voix devient limpide et engendre de facto l’alchimie avec l’auditoire.


Interrogé sur la performance artistique de cette soirée, le vétéran du journalisme Ridha Baklouti s’exprime comme suit : « le but n'est pas seulement de divertir [...] les spectacles qui dominent actuellement le goût du public sont consuméristes [...] Amal Maher fait partie de cette catégorie [...] dans ces shows momentanés, le public n'est pas uniquement un auditeur, mais aussi un participant actif au succès de la soirée [...] Amal Maher est donc une artiste en phase avec son époque, l'époque de la vitesse et du divertissement ». Au final, écrire sur les artistes, c’est parler de ce qui traverse le temps et l’espace. Ce qui reste, après tout. Amal Maher et son art vont-ils être évoqués dans 20 ans ? Wait and see, comme dit l’adage anglais.

Crédit première et troisième photo : Donia Ali

Crédit deuxième et quatrième photo : Zied Jaziri

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